Des héroïnes à Grenoble

Il est rare de trouver des épigones du "film-dossier", sous genre du cinéma politique italien des années 60-70, dans l'hexagone.

Ce genre à la particularité de faire secession avec la fiction et l'aspect mythologique du cinéma pour développer une distanciation dramatique, visant à mieux révéler un sujet. Ainsi Les filles de Grenoble pourrait ce voir comme un prototype, à mi-chemin entre dramatisation et reconstitution documentaire, anticipant dans son dernière axe la télévision et ces reportage commenté !

Commençons par les gendarmes, cachés dans les buissons avec leur Leica, constituant les pièces à conviction. Il ne sont pas des hommes d'action mais des assistants sociaux, impuissant, tout juste bon à soutenir ces malheureuse et relayer les infos au Juge d'instruction Le Pérec.

Incarnée par un Dussolier parfaitement plat et procédurier, à l'image du traitement esthétique, accentuant ainsi le contraste avec le sujet plutôt dur, créant un relief passionnant. Quand les mains de Le Pérec ouvre ou referme un dossier, s'affirme ou hésite sur une lettre de menace, impossible de ne pas penser à Bresson.

L' absence d'effet dans ces plans, la neutralité essentiel du cinématographe nécessaire à rendre compte de l'abominable.

Ces femmes dans la terreur, Zoé Cheveau et toutes celles qui n'ont pu parler. Notamment la première, resté silencieuse, qui les réunira toutes sur une pierre tombale et dont l'assassinat, sur un lit d'hôpital, comme un doux murmure enclenche l'inexorable travail judiciaire par l'entremise essentielles de ces héroïnes