Citation de Marcel Proust
Beaucoup pourraient penser que ce film est le remake de trop d'une œuvre déjà surexploitée. Je voudrais peut être bien dire de même mais comme à son habitude, ma bassesse intellectuelle me fait défaut et c'est donc la première fois que je touche à l'univers de Louisa May Alcott. Je vais donc faire comme si c'était une œuvre originale tout le long de ma critique, Je laisse le travail à mes confrères en ce qui concerne le rapport à l’œuvre originale. Je me doute tout de même qu'il doit y avoir un certain repompage et pas trop de prise de risque, un bon petit film mignon et moraliste qui ne sort pas des sentiers battus.
L'intrigue commence avec la protagoniste qui va vendre un livre....Ah non, on retrouve nos 4 petites filles. Le film a fait un flash-back avant de poser sa situation. En moins de 10 minutes de visionnage on comprend déjà le plus gros défaut du film: Il va faire des allers-retours entre passé/présent et rêve/réalité. Le spectateur moyen pourrait se dire que "Oui mais il y a les thèmes de couleur pour différencier" et "Son livre est une biographie, sauf à la fin, rêve et réalité sont identiques" Ahah Tout D'abord le code couleur n'est valable que dans la première heure du film, après ça devient le bordel. Le spectateur va perdre ses repères dans des moments cruciaux et c'est complètement con. Et ensuite l'excuse de la biographie ne marche pas à partir du moment où on voit Jo marchander son intrigue.
Nan mais ça peut paraître tout con, mais ce seul défaut va tout casser:
-On a du mal à s'attacher aux personnages, il n'y a que l'excellent jeu des acteurs qui peut sauver les meubles.
-Toutes démarches d'intrigues, d'enjeux ou de fil rouge sont mis au placard à chaque changement saut dans le temps.
-On est perdu, tout le temps.On ne sait jamais quand on est où on est
-On ne voit pas nos personnages évolués, ou alors on voit une bande de schizo qui change d'avis toute les 5 min avec les sauts dans le temps.Par exemple quand Jo dit "Je ne peux pas croire que l'enfance soit finie", on a juste envie de lui dire "Ma vieille on t'a déjà vue adulte plein de fois"
-Rien n'a d'impact, vu qu'on suit les filles dans le futur on comprend tout à l'avance. Et quand c'est pas le scénario, c'est la réalisation qui s'y met avec par exemple la mort de Beth, qui est un ratage complet. Déjà car c'est littéralement la dernière roue du carrosse (derrière les 3 autres sœurs et Timothée Chalamet), le spectateur n'a aucun attachement pour elle. Mais dès l'annonce de sa maladie et le début de la séquence parallèle de sa sorti de lit, on comprend déjà ce qu'il va se passer. Et ça aurait pu marcher si on s'était un peu plus penché sur elle au début.
-Un rythme très hétérogène
L'autre seul défaut mineur est les moments très "manuscrit" qui ne collent qu'à moitié.
Et ça m’énerve, parce qu'à part ça, le film est bon.
Déjà l'acting est excellent et fait marcher l'alchimie entre nos personnages qui fonctionnent à merveille (moins celles romantiques), malgré un quatuor parfait, c'est la performance de Timothée Chalamet qui marquera les esprits
Je critique la réalisation mais elle reste acceptable voire sympathique. On notera aussi un certain talent pour les transitions
Le message sur la place dans la société américaine qui bien que redondant à force, a le mérite d'être bien traité. "Je ne suis pas poète, je suis une femme"
La divergence des évolutions de Meg et Jo est l'une des plus grandes réussites du film "C'est vrai que mes rêves sont différents des tiens, ça ne veut pas dire qu'ils sont différents".
On a aussi un sacré sous texte sur l'acceptation de la mort "Tu sais c'est comme la mort, elle descend lentement mais on ne l'arrête pas". C'est ça que le film aurait dû mettre en avant pour la mort de Beth.
La musique classique est splendide, omniprésente dans l’œuvre et moteur des quelques commencements d'intrigues
Et par moment, le film nous met juste une claque. par exemple l'extrait:
Nous n'aimerions pas autant notre terre si notre enfance ne s'y était
pas écoulée, si ne nous n'y retrouvions pas à chaque printemps, les
mêmes fleurs que nous avons cueillies de nos petits doigts. Quelle
nouveauté peut valoir cette douce monotonie où chaque chose est connue
et aimée parce qu'elle est connue
Bref un film d'une hétérogénéité frustrante. Je vous conseille les autres adaptations en espérant qu'elles sont de meilleure qualité