Le monde avait-il besoin d'une nouvelle adaptation de Little Women (c'est vrai que Petites femmes, cela ne sonne pas très bien en français) ? Pas sûr, après notamment les versions de George Cukor et de Mervyn LeRoy (ah, Liz Taylor !) mais avec Greta Gerwig, un beau coup de pinceau était à prévoir et le jeu en valait peut-être la chandelle. En définitive, pas autant qu'espéré, dans un film dont la modernité a voulu s'exprimer principalement dans son architecture narrative qui fait passer sans cesse et sans transition, d'une époque à une autre (distante de 7 ans mais personne ne semble vieillir, bizarrement). L'autre ajout, plus convaincant, est dans le personnage central, apprentie romancière, qui permet à la réalisatrice de donner une bonne idée de la place de la femme, pendant et après la guerre de Sécession (par ailleurs assez peu présente). Un volet féministe qui sonne juste et qui donne un peu de densité à ces belles et courageuses sœurs sourire (ou soupir, selon les événements). La dernière partie des Filles du docteur March joue enfin frontalement la carte du romanesque, sans arrière-pensée, et le film finit ainsi en beauté, effaçant quelque peu les réticences que l'on a pu ressentir auparavant. Assurément, l'interprétation haut de gamme participe du fait que le temps ne semble pas si long. Difficile de ne pas mettre en avant Saoirse Ronan mais Florence Pugh, avec un rôle moins valorisant, n'est pas loin de l'égaler. Quant au charme d'Emma Watson, il est intact. Il y a aussi un français qui brille dans le film : non pas Louis Garrel, simple faire-valoir, mais Alexandre Desplat dont la musique parvient à s'inviter de manière très prégnante, sans pour autant paraître envahissante.