La première scène d'un film est capitale. Elle doit introduire le spectateur à la diégèse et lui faire comprendre à quoi il doit s'attendre dès les premiers plans. En ce sens, on peut dire que l'introduction de Les Filles ne savent pas nager est une réussite. La réalisatrice, Anne-Sophie Birot, met en scène un moment très vivant où des adolescent fêtent la fin de l'année scolaire en chahutant dans la cours. Et la beauté de ce moment s'évapore dès que les personnages commencent à parler, mettant en évidence la faiblesse de la direction des acteurs et de l'écriture des dialogues.


Ce sera le leitmotiv de ce film : chaque scène sera ternie par ces deux défauts. La réalisatrice ne parvient pas à garder le cap et multiplie les maladresses qui soulèvent un sourcil interrogateur. Il n'est pas rare par exemple de voir une discussion commencer normalement jusqu'à ce que l'un des interlocuteurs s'emporte violemment, rompant totalement avec le reste de la scène. Il s'agit sans doute d'une façon de montrer les sautes d'humeur adolescentes (encore que, les adultes sont concernés), mais la manière de faire est un peu simpliste. Ces lourdeurs sont d'autant plus étranges quand on voit à la facilité avec laquelle la réalisatrice représente l'amitié entre les deux filles. Séparées, chaque lettre est un événement. Une fois réunies, elles rient, se cherchent puis se chicanent. Et Birot filme cela avec beaucoup de simplicité.


Mais cette simplicité se raréfie à mesure que le film abandonne son ambiance de vacances pour s'aventurer vers le mélodrame. La réalisatrice s'aventure alors sur un terrain qu'elle ne maîtrise pas. En plus d'être vus et revues, les scènes font l'erreur d'aller trop loin trop vite, ce qui rend le résultat plus gênant que poignant (le père qui devient alcoolique, la fin). Birot semble oublier la finesse nécessaire à ce genre d'événements. Les acteurs, rarement convaincants dans ce qu'on leur demande de faire, rajoutent au côté hasardeux de ces drames (un "Chiale tu pisseras moins" peut être utiliser pour consoler quelqu'un, mais il y a l'art et la manière de le dire).


Difficile donc de croire à la vie que Birot s'efforce à représenter. La représentation de l'amitié entre Gwen et Lise est crédible et plusieurs scènes isolées fonctionnent (l'anniversaire, la supérette) mais l'ensemble est tiré vers le bas par une absence de recul et de sincérité. De plus, la forme travaillée de la jeune diplômée de la Fémis ne parvient pas à élever le fond. Dommage, parce que des amies de vacances qui passent pour la première fois leur été séparées, c'était un super point de départ.

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le 9 sept. 2016

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