Allées et venues d'une histoire
« Voilà, ce serait là, doux comme un rêve. C’est un objet lancé vers l’inconnu. Cela pourrait s’appeler, cela s’appellerait : les films rêvés. » Ce serait. Eric Pauwels est l’un des rares...
le 6 sept. 2019
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« Je pensais qu'Argos et moi appartenions à des univers distincts; je pensais que nos perceptions étaient identiques, mais qu'Argos les combinait de façon différente et construisait avec elles d'autres objets; je pensais qu'il n'existait peut-être pas d'objet pour lui, mais un va-et-vient continuel et vertigineux d'impressions d'une extrême brièveté. Je pensais à un monde sans mémoire, sans durée; j'examinais la possibilité d'un langage qui ignorerait les substantifs, un langage de verbes impersonnels et d'épithètes indéclinables. Ainsi mouraient les jours et, avec les jours, les années, pourtant quelque chose de pareil au bonheur arriva un matin. Il plut avec une puissante lenteur. (...) Argos, les yeux fixés sur le visage, non seulement de pluie (je l'appris par la suite), mais de larmes » (Jorge Luis Borges)
Argos, d'Homère, de Borges ou de Pauwels, c'est moi. Dans cette cartographie de terres rêvées, de réalités terreuses, le regard filmique d'Eric
Pauwels se pose sur nous, immobilités fuyantes, points de fuite de l'Attente. Parallèles à ces chemins de fer du monde, aux composantes hétérogènes, aux rails disparates, aux trajectoires divergentes, mais qui demeurent Un après le passage d'un rêve, comme les entrelacs de ce qui reste. Les films rêvés est une invitation au voyage. Il n'est pas question ici d'un coup de feu pour marquer le départ, ou d'une ligne blanche pour entrevoir une quelconque arrivée. Le voyage n'a de sens que dans ce qu'il y a entre. Entre la prison secrète de Tazmamert et le pigeon marocain qui répond au nom de la Liberté : Farache. Entre la mémoire immergée par la mer de John Nicol et un ultime souvenir comme naufragé, celui de son amour pour Sarah Whitlam. Entre enfin, et c'est peut-être là les derniers pas, le testament de ce voyage, les peintures de Jean-Marie et son modèle. son petit chien blanc. Le portraitiste meurt, seul le chien demeure. Et les animaux aussi ont une mémoire, une conscience, puisqu'ils rêvent. Mais le chien, que dis-je, nous, nous nous souvenons de ces mots immémoriaux :
« Je me souviens de ce que son regard disait du regard des Hommes »
Pour paraphraser Eric Pauwels : Si, pour moi, Le Miroir (Tarkovski, 1975) répondait à la question "Pourquoi la mort ?", Les films rêvés, lui, cherche à répondre à ma question, et non des moindres "Comment vivre ?"
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il y a 4 jours
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