Le génie de Ceylan, c’est de réfléchir à l’écran nos finitudes, nos contradictions, d’ériger toute la médiocrité à hauteur d’Homme. C’est un tour de force de parvenir à identifier le spectateur à un héros qui n’en est pas un et qui n’aura sans doute, jamais l’étoffe d’un antihéros non plus. Donner la parole et un visage à des personnages secondaires de seconde zone, n’est-ce pas là, la plus belle façon de nous remettre à notre place de figurant du monde ? Si certains films oeuvrent à nous faire oublier notre condition humaine, ceux de Ceylan, en revanche, nous remémorent la poussière originelle et étalent devant nos yeux, toutes les cendres à venir.
Son cinéma est de feu et c’est comme disait le poète, tout ce que je sauverais de ma maison en flammes. Et que demeure-t-il à la fin du film ? Le néant ? Après tout, le néant n’est jamais « rien », il est toujours quelque chose, l’absence de ce que l’on attendait et une nouvelle contingence, peut-être... Vu le 30 décembre 2023