Sombre, obsédante, terrifiante, cette quête pour des lendemains d'espoir ténu au royaume du grand foutoir (clivages sociaux exacerbés, quasi-pleins pouvoirs à l'armée, natalité devenue inexistante, camps de réfugiés fleurissants et laissés à eux-mêmes) porte en elle l'importance même de l'existence.
Un combat presque pathétique pour le devenir de l'humanité, face à ce constat contradictoire : la vie est devenue universellement pourrie mais on fera quand même tout pour la préserver.
Bonne définition.
L'histoire et ses rebondissements sont solides, basés sur un livre de P.D. James. L'ambiance est magistrale, poisseuse, éprouvante.
D'un point de vue technique, en comptant celui qui ouvre le film, trois plans-séquences mémorables émaillent l'oeuvre et il s'agit sans doute des plus impressionnants du cinéma. Presque des tours de magie, particulièrement le dernier.
Clive Owen est dans ses petits souliers (petite blagounette à propos d'une scène clef où il prend la tangente). C'est un de ses meilleurs rôles, un personnage buriné par la vie qu'il habite avec charisme et rage, héros bien malgré lui qui fait ce qu'il peut, regardant impuissant les alliés promis à la mort qu'ils laissent au bord du chemin, intérieurement dévasté et pourtant mû par la mission qui lui tombe sur le coin de la tronche.
A noter la réjouissante composition de Michael Caine (second rôle rondement mené), à mille lieux des personnages guindés qu'on lui connaît plus souvent. Et Julianne Moore confirme là encore son talent.
Du cinéma d'anticipation de haute volée.