Je crois que "Les fils de l'homme" est le meilleur film d'anticipation jamais créé. Tant au point de vue de la réalisation, que du scénario ou encore de l'univers.
Quand on parle des fils de l'homme, on pense souvent aux plans séquences. Notamment deux, qui sont tout bonnement impressionnant. Le premier filme 5 personnages à l'intérieur d'une voiture et passe d'un personnage à un autre avec une fluidité impressionnante, à tel point que l'on se demande comment on a pu faire rentrer une caméra, un cameraman et des micros dans une voiture déjà blindé. Et c'est sans compter la course poursuite qui s'en suit, avec des cascades, des explosions et des effusions de sang. Le second est plus long (mais sans doute truqué avec un passage au noir), colle au basque du personnage principale pendant que ce dernier traverse un champs de bataille avec des tanks, des balles qui fusent et des figurants qui se font buter, avant de rentrer dans un bâtiment en ruine et de grimper au dernier étage de ce dernier. Toujours avec des explosions dans tous les sens. Bref, c'est carrément impressionnant.
C'est d'autant plus génial, que ces plans séquences n'ont pas la seule vocation de faire bander les cinéphiles. Ce n'est pas juste de la frime. Ces plans ont une réelle utilité cinématographique, à savoir renforcer notre immersion dans un monde fictif. Cette caméra à l'épaule, qui semble se protéger elle même des dangers qui guettent les personnages qu'elle filme nous donne l'impression d'être le troisième personnage principal du film. Il n'y a rien de mieux pour rester éveillé.
L'autre gros point fort des fils de l'homme c'est l'univers et la manière dont il est décrit. Le scénariste ne s'est pas juste contenté de décrire un monde dans lequel la population serait stérile. Il en a imaginé les conséquences à l’échelle mondiale. Et il a plutôt géré à ce niveau là. En gros l’Angleterre est devenu une sorte de régime totalitaire fasciste qui réprime de manière violente une immigration devenu incontrôlable en parquant les migrants dans des sortes de ghettos. Le monde est devenu gris, sale et anarchique. On est à mille lieux des films imaginant un futur ou tout est blanc, ou des types en costume moulant pianotent sur des ordinateurs pleins de lumières et ou les portes s'ouvrent en faisant "pchiiit". Dans les fils de l'homme, le futur a plutôt été imaginé comme étant un vieillissement de notre présent plutôt que comme une transformation de ce présent.
Pour nous décrire cet univers complexe, on aura pu faire une petite séquence au début avec une voie off qui expliquerait tous les événements qui ont poussé l'humanité à en arriver à un tel chaos. Mais non. Cuaron a choisit la subtilité pour nous décrire son univers. Par des petits détails, en arrière plan ou a des références à des événements dans les dialogues, qui petit à petit nous permettent de comprendre cet univers.
C'est tellement bien foutu que ça mérite la note maximale.