Comme 28 jours plus tard [2002], Les Fils de l'homme nous envoie à Londres après la catastrophe. Sauf qu'il n'y a pas eu de catastrophe en tant que telle. Pas d'épidémie de zombies, pas de guerre nucléaire mais un simple manque : les humains ne sont plus fertiles. Le postulat de départ du film est redoutablement plausible, car l'infertilité est déjà en hausse dans ce début de XXI-ème siècle, particulièrement chez les hommes, et que cela représente une peur diffuse de tout parent en herbe.
Dès le début, le décor est planté. Cette dystopie s'éloigne très peu de la réalité en montrant un monde où les travers politiques actuels latents sont poussés à leur paroxysme : emprisonnement des immigrants, fanatisme religieux, population au bord de la révolte... En effet, que se passerait-il si cet instinct de reproduction et de parentalité que les hommes ont en eux ne rimait plus à rien ? Le film se passe aussi en Europe, un pays où le taux de fécondité est à son plus bas dans le monde.
Les personnages sont aussi très convaincants. Clive Owen, acteur très anglais et très sexy, déjà remarquable dans Entre adultes consentants [2004] et L'homme de l'intérieur [2006], campe ici un Theo Faron dépressif mais rassurant, entier. La galerie de personnages secondaires est à l'avenant : Julianne Moore la militante (on la reverra dans un autre film post-apo bien moins réussi : Blindness [2008]), Michael Caine le vieux hippie hermite, Pam Ferris en sage-femme piercée improbable, Claire-Hope Ashitey la refugiée mère... Comme dans 28 jours plus tard, tout le film repose sur des acteurs formidables, ultraréalistes et attachants, dont l'histoire nous fait brutalement prendre congé.
Le film devient de plus en plus sombre au fur et à mesure que l'histoire se développe, devenant presque un film de guerre. Il ne fait pas dans la dentelle, et il faut avoir les nerfs bien accrochés. La désespérance qu'on ressent se rapproche presque de celle du minimaliste La Route [2009], et on ne peut s'empêcher de se dire qu'elle est un poil exagérée.