Très bonne surprise que cette adaptation du roman de P.D. James. On pouvait s’attendre à quelque chose de beaucoup trop consensuel, aux angles arrondis et au message incertain, comme c’est assez souvent le cas dans un genre déjà très sous représenté comme l’anticipation. Merci monsieur Cuarón de nous faire mentir avec cette œuvre foisonnante alliant mise en scène nerveuse et rythme haletant qui nous laisse sur les rotules. Grâce à des décors pas forcément tapageurs mais efficaces de par leur souci constant du détail, le tout grandement mis en valeur par la lumière d’Emmanuel Lubezki et la mise en scène ultra réaliste d’Alfonso Cuarón qui colle le plus possible à son héros, Children of Men impressionne par ce qu’on pourrait appeler son authenticité et la crédibilité constante de son univers. On reste par exemple un moment marqué par cette école en ruine car devenue inutile. Le seul véritable reproche qu’on pourrait soulever à l’encontre de ce film, c’est cette vertigineuse plongée dans la violence qu’illustre toute la dernière partie. On se croirait tout droit dans Saving Private Ryan avec un bébé en lieu et place de Matt Damon et Clive Owen dans les tongs de Tom Hanks. Un Clive Owen qui bouffe l’écran et confirme qu’on ne va bientôt plus pouvoir se passer de lui, même si ici il peine à trouver chaussure à son pied. A l’arrivée, on se retrouve avec une solide incursion dans l’anticipation, emmenée par un récit qui va crescendo, transformant progressivement une simple mission en odyssée meurtrière, et tout ça pour assurer la survie d’un nouveau né. Le contraste entre vie et mort fait office de clé de voûte pour le récit, ce qu’illustre bien la scène au milieu des soldats, machines à tuer subjuguées par ce petit bout de vie. A noter aussi des seconds rôles amusants pour Michael Caine et Peter Mullan. C’est pas le film du siècle, mais ce qu’on a fait de mieux en anticipation depuis un bout de temps.