A la pointe de l'épée

Ah qu'il est bon de revoir ce genre de petit film, c'est très distrayant et sans prétention, ça ne vise que le divertissement pur, c'est de la série B certes mais soignée et très hollywoodienne, qui ne s'embarrasse pas de longueurs car tout est promptement mené en seulement 1h17.
Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à un respect scrupuleux de l'Histoire de France, et même le nom d'Alexandre Dumas n'est pas cité au générique, alors que le film a quand même le culot de réutiliser les noms de D'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis, mais comme ils sont devenus des vieillards, ce sont leurs fils et une fille, celle d'Athos, qui les remplacent. Ce rôle permet à Maureen O'Hara de déployer son charme légendaire et ses dons pour l'escrime, elle est superbe dans ses habits d'hommes en mousquetaire.
L'intrigue s'appuie très, mais alors très vaguement sur "Vingt ans après" et ne sert de prétexte que pour offrir une succession de duels, j'en ai compté au moins une bonne dizaine, avec toujours les mêmes ingrédients, les mousquetaires contre de stupides gardes d'un obscur duc qui veut le pouvoir, avec éclats de rire, descente par le lustre de l'auberge et mobilier renversé, bref je crois que je n'en ai jamais autant vu, même dans la version des Trois mousquetaires de George Sidney, il n'y en avait pas autant, mais il y avait une partition héroïque et des galopades à la façon d'un western comme il y en a ici.
Malgré le viol de l'Histoire de France, une réalisation académique et plusieurs incohérences où les mousquetaires perdent leurs chevaux et leurs épées, puis les retrouvent miraculeusement, il serait idiot de bouder cette succession de scènes mouvementées où Cornel Wilde se veut aussi bondissant que Gene Kelly chez Sidney, et aussi adroit escrimeur ; le méchant incarné par Robert Douglas est conforme au stéréotype de l'époque, cet acteur excellera d'ailleurs à jouer ce type de perfides comme dans Ivanhoé ou le Prisonnier de Zenda. Il ne faut donc pas prendre tout ceci très au sérieux mais se laisser emporter par ce joyeux tourbillon d'aventures rocambolesques.