Le loser n'est pas forcément cet idiot qui ne comprend pas les enjeux et les conséquences des actes qu'il commet. Ce n'est pas non plus toujours ce malchanceux chronique sur qui la poisse s'acharne avec une malveillance aveugle.
C'est aussi cet être en mal de reconnaissance, qui a suffisamment commis d'erreurs par la passé pour avoir gaspillé son crédit pour de mauvaises causes et ne plus savoir sur qui s'appuyer quand le moment important est là. Et qui s'en remet à ceux dont il fallait se défier pendant qu'il tourne le dos à ceux qui pouvaient et voulaient le sauver.
Et c'est surtout, formidable leçon de ce film, celui dont chaque nouvelle victoire, obtenue à force d'intelligence et de courage ("brain and guts !") annonce une défaite à chaque fois plus terrible et fatale.
Servez cet argument brillamment mis en scène accompagné d'une photo sublime et un noir et blanc inoubliable dans un Londres méconnaissable sous sa lune blafarde, interprété par des acteurs en état de grâce (le meilleur rôle de Widmark ?) et vous obtenez un des plus beaux fuckin' film noirs de l'âge d'or du même genre.
(*veuillez me pardonner d'ajouter à mon goût (aussi immodéré que douteux) du calembour une couche cryptique que seuls les familiers de la région Lyonnaise pourront goûter, mais ce film évoquant la nuit, c'était plus fort que moi)