"Nous sommes les frères Sisters !" Un éclair dans la nuit. Suivi de nombreux autres. Des cris de douleur. Puis le silence, entrecoupé de vagues gémissements. Quelques coups de feu épars. Puis plus rien.
Ainsi débute ce western singulier. Les frères Sisters sont des porte flingues, chargés d’éliminer ceux qui ont eu le tort de contrarier le Commodore, vieillard hiératique et mystérieux qui détient de nombreuses possessions terriennes. Dans cette partie de leur vie qui nous est présentée, ils doivent retrouver un chimiste pisté par un détective privé et s'en occuper.
Eli Sisters, l'aîné, apparaît comme un être fruste, sans guère d'émotions et plutôt laid. Son jeune frère, Charlie Sisters, un homme captif de la violence qui l'habite et qui exécute ses sombres tâches sans état d'âme. Mais cette longue poursuite qui les entraîne à travers l'ouest américain va dévoiler bien plus de nuances que les apparences initiales pouvaient le laisser supposer. La profondeur de l'âme humaine, les événements qui ont forgé ces hommes resurgissent ça et là dans l'excellent jeu de John C. Reilly et de Joaquim Phoenix.
De l'autre côté de ce western qui prend son temps et présente très peu de personnages, un détective plutôt lettré, campé par le très convaincant Jake Gyllenhaal voit sa vision des choses évoluer avec la rencontre de ce chimiste humaniste interprété par Riz Ahmed.


Ponctué de moments de violence sauvage, de scènes crues et de rapports humains parfois rugueux, ce film souffre néanmoins à mon goût de quelques longueurs sans nul doute voulues. Ici, pas de western classique où la tension irait crescendo jusqu'à un final sanglant où les protagonistes régleraient leurs comptes à coup de colts. C'est plutôt le cheminement d'hommes rudes, fruits d'épreuves enfantines qui ont laissé de profondes cicatrices.
On ne contemplera pas non plus de paysages époustouflants afin que le spectateur ne se laisse pas distraire du cœur du sujet, les frères Sisters. La fin survient tout aussi tranquillement que nombre de scènes du film, comme un retour aux origines après une période cathartique.


Un joli film mais pas un western captivant.

Apostille
6
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le 29 sept. 2018

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