Ce n'est pas parce qu'un film est signé Jacques Audiard qu'il doit nécessairement recevoir l'absolution.
Depuis un prophète, qui venait alors clore une filmographie sans failles d'une densité incroyable, portées par des acteurs incroyables et une mise en scène ultra précise et personnelle, tout ce que sort Audiard est encensé .
Pourtant, de mon point de vue "de chair et d'os", "deephan" malgré sa célébration cannoise sont un ton en dessous des réalisations antérieures du Cinéaste.
On ne parle bien entendu pas de mauvais films, loin de là car Audiard conserve une singularité qui lui est propre. Mais ses films récents sont plus intimistes et le rythme et l'histoire sont moins fascinants que dans les sommets de sa filmographie que sont à mes yeux "Un Héros très discret", "un prophète" et " de battre mon cœur s'est arrêté".
Pourtant la perspective de voir Audiard s'attaquer à un western était aussi alléchante qu'anachronique tant ce genre souvent très codifié paraissait être à l'opposé de son univers.
Malheureusement les frères sisters ne font pas exeption aux dernières réalisations du cinéastes .
Bien sur la chevauchée de ces 2 frères tueurs à gage est esthétiquement magistrale grâce à une direction de la photographie particulièrement belle et dont l'aspect glacé tranche avec succès la chaleur de l’étalonnage des western de Léone et de Ford, et font de ce film un western crépusculaire assumé.
Les frères sisters est d'ailleurs plus un eastern qu'un western car nous sommes bien loin de monument vallée et des déserts de l'arizona.
Bien sur l’âpreté de la violence typique des films d'Audiard se retrouve magnifiée dans l'atmosphère sauvage de l’Amérique du 19eme siècle.
Rien à dire non plus sur la qualité de l’interprétation du casting qui est comme toujours, chez Audiard ,particulièrement bien dirigé.
Mais tous ces éléments ne font pas forcement un grand film ni même un bon film.
Les frères Sisters souffre en premier lieu d'une histoire assez faible.
Celle ci aurait pu néanmoins faire l'affaire si le film avait été plus épique et ne s'était pas enfermé dans une succession de scènes trop intimistes et anecdotiques n'apportant rien à l'histoire et plongeant les spectateurs dans des langueurs inutiles.
Avec une demie heure de moins le film aurait certainement été plus seduisant...
J'ai donc eu du mal à me passionner et à vraiment vibrer pour ce film, pourtant très beau.
Si la conclusion du film est presqu' aussi inattendue qu'elle est belle, l'ensemble reste quand même assez vain .
Cette vacuité qui découle d'un excès d'intimisme déséquilibre ce film comme elle déséquilibrait les réalisations précédentes de jacques Audiard .
A moins d'être étudiant à la femis ou en école de photographie, je doute clairement que qui se soit se laisse embarquer dans des visions récurrentes de ce film .