Une trilogie animalière passée, Dario Argento délaisse le giallo pour un film historique sous fond de comédie narrant les déboires de deux Italiens dans les mouvements anti-Autrichiens de 1848. Le succès escompté n’est pas au rendez-vous et Cinq jours à Milan sortira même en France directement en vidéo des années plus tard. C’est donc l’occasion pour le réalisateur italien de revenir au giallo et de transcender le genre à travers son apothéose cinématographique.
Un tueur ganté agissant dans l’ombre, une enquête tumultueuse mettant en scène un témoin lambda s’alliant à une journaliste plantureuse, des meurtres particulièrement graphiques, une musique lancinante… Les Frissons de l’Angoisse est au giallo ce que Il était une fois dans l’Ouest est au western, présentant au néophyte tous les ingrédients nécessaires pour saisir le genre. En soi, le long-métrage est un thriller hypnotique happant le spectateur au rythme de l’enquête à tiroirs que mène le pianiste Marc Daly (David Hemmings), témoin fortuit d’un premier meurtre qui va chercher de manière obsessionnelle le coupable quitte à se mettre lui-même en danger.
Bien moins horrifique que la plupart des œuvres de la filmographie d’Argento, Les Frissons de l’Angoisse ne comporte contre toute attente que peu de meurtres sanglants, bien que ceux-ci soient visuellement mémorables et travaillés, le long-métrage s’intéressant plus aux rebondissements de son intrigue, faisant zigzaguer ce pauvre Marc tout en le confrontant continuellement à son ego macho par le biais de son acolyte de fortune, la jolie Gianna (Daria Nicolodi, future Mme Argento et mère d’Asia, rencontrée sur le tournage), journaliste malicieuse qui ne perd jamais une occasion de rabaisser l’intelligence de notre héros finalement pas très futé.
Œuvre puissante dans ses thématiques, impressionnante dans son univers visuellement riche et opératique, brillamment interprété – c’est tellement rare chez Argento qu’il faut le souligner – et contenant moult séquences à faire glacer le sang (ce pantin nom de Dieu !), Profondo Rosso sortira tardivement en France, deux ans après sa sortie originale et étrangement trois mois après Suspiria, dans sa version américaine qui ampute de nombreux passages plus comiques et plus intimes entre nos deux investigateurs. Un film majeur dans la filmographie de Dario Argento, dans le giallo et même plus vastement le thriller, le long-métrage ayant inspiré les plus grands et les plus récents réalisateurs.