Vance (Stanwyck) est la fille d'un baron du bétail excentrique et mégalomane (Walter Huston) ; elle est aussi attachée à son père qu'au ranch, The Furies, qui couvre toute la plaine jusqu'aux montagnes. Le père, T.C., donne 50 000 $ à un prétendant dont Vance est tombée amoureuse, Rip. Plus tard, T. C. ramène une belle-mère qui marginalise Vance dans le ranch. Vance la défigure et part chez une poignée de braconniers mexicains, les Herreira, parmi lesquels elle a pris un amant, Juan. T. C. les assiège et fait pendre Juan. Vance part et intrigue sa vengeance : elle rachète les billets mis en circulation par son père, et lui rachète le ranch avec, alors qu'ils ne valent pas tripette. Elle décide finalement de se marier avec Rip.
"Les furies" sort la même année que "Winchester 73" mais n'en a pas le souffle, malgré de très bon interprètes. C'est un western plus classique, avec une touche un peu série B qui rappelle les premiers films noirs de Mann.
Il y a tout de même quelques séquences qui retiennent l'attention : un plan de Vance descendant l'escalier après avoir défiguré sa belle-mère ; toute la séquence du siège du repaire des Mexicains est fabuleuse, et a un souffle propre. Comme dans la séquence finale de "Winchester 73", le cinéma de Mann trouve ici son apogée dans les lieux en hauteur, ces lieux propres aux contreplongées, ou aux plans où le ciel devient de plus en plus envahissants. Par moments, certains cadrages rappellent du Eisenstein.
Au niveau du contenu, le film est assez dur et cynique, il dénonce l'argent qui envahit les rapports entre tous les êtres : même Vance, à laquelle nous sommes sensés nous identifier, est moins traumatisée par la mort de Juan que piquée de s'être fait évincer de la gestion du ranch par sa belle-mère. Constat pas joli-joli, mais qu'il n'est pas inutile de rappeler, surtout à notre époque.
Ce n'est pas le meilleur Mann, loin de là, mais c'est un western qui n'est pas inintéressant.