" AMUSEZ VOUS BIEN!"
Il m'a un moment fait penser à une sorte de préquel de Max et les ferrailleurs dont on croiserait ses personnages mais enfants (ceux portant l'aile d'avion?).
Mon texte n'est pas une critique mais de premières vagues remarques sous le coup de l'émotion après un premier visionnage de cette merveille, découverte encore grâce à Patrick Brion, notre trésor national (merveille, mais avec quand même de beaux gros salauds assez violents à gueule d'ange):
__Lors d'une scène nocturne où les 6 garçons se rendent à la queue leu-leu dans un terrain vague pour se...cogner, un énorme pénis en érection apparait au dessus d'eux à l'horizon jusqu'à ce qu'il se révèle une aile d'avion mise debout...
__...tous les acteurs sont aussi beaux que les actrices mais surtout, ils jouent tous juste, dans une beau noir et blanc et un montage rapide (pas de longs plans silencieux et vides, mais un déroulement de ruban avec toujours un objectif).
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Je n'avais pas l'intention de le regarder de suite, je voulais juste vérifier si mon enregistrement du Cinéma de minuit avait marché, mais tous ces personnages et surtout le montage, m'ont capturé l'attention, et m'ont embarqué de suite dans cette sortie nocturne à la After Hours/Quelle nuit de galère de Martin Scorsese, pendant 70 minutes au bout desquelles j'ai enfin regardé l'heure une toute première fois et où j'ai regardé autour de moi pour vérifier qu'on ne me voyait pas rougir à la n-ième scène de femme nue endormie dans un lit...
Il y beaucoup de belles au bois dormant dans le film ( au moins trois femmes sont filmées nues endormies).
Beaucoup de lits et miroirs et de sexe hors-champ (au moins 6 coïts),
mais aussi beaucoup de scènes en terrains vagues: lieu de combats de boxe, de deals et de sexe etc. Sont ils dû aux destruction de la guerre? ...ou l'abandon de terres cultivables?
Terrains vagues qui sont aussi des chambres d'hôtel !? (et ou mourra pour de vrai l'auteur du scénario Pasolini): un des voyous, qui a enfin de l'argent, sort une amie au restaurant, mais en chemin, il demande au taxi de faire une halte et de les attendre, pendant qu'ils se rendent dans une des rares portions d'herbes dans un immense terrain vague...la femme avait compris bien avant moi pourquoi elle était menée là. D'ailleurs, comme c'était une ex qui en avait choisi un autre...j'ai eu un moment de crainte pour elle, me demandant pourquoi ce type la menait là. Surtout que celui qui mène cette ex dans un coin sombre est quand même le même voyou qui couvre d'ordure solides et liquides une autre femme qu'il croyait les avait volés.
Scène de poubelles versées sur une femme d'autant plus ingrate et culotté, car c'était lui qui avait volé cette femme et c'est elle qui avait traduit à un recéleur sourd et muet, permettant à tous de conclure la transaction et avoir l'argent...mais désormais il la cognait (elle résume le tout mieux que moi par son: "tu en profites car je suis une femme").
Et c'est ce même cogneur qui a confessé à un riche dandy qu'il s'est "comporté dans le passé comme un porc avec une fillette" orpheline; et "laide".
Donc je n'étais pas certain de ses intentions lorsque ce même personnage amène une ex dans un terrain vague.
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Terrains vagues qui sont aussi des rings de boxe (parfois quasi scène de théâtre surréaliste):
Une chose que je n'ai pas saisie de suite , petit bourgeois que je suis au frigo plein, dont tout le début de vie a été financé par papa et maman (parents taxis et mini Etat Providence),
c'est que ces jeunes, post ados, sont très très pauvres et sortent de la guerre et ses restrictions, pire que la période Covid...
ça m'a seulement enfin vraiment percuté lors de la si belle scène de nuit ou de pauvres enfants s'échinent à porter du métal de récupération sur une charrette pour en revendre le métal.
C'est une aile d'avion écrasé, visiblement militaire. Comme de futurs petit Ukrainiens le feront peut-être bientôt: "Si je bosse pas, je mange pas", dit l'enfant.
Ces enfants me semblent le double en plus jeunes des 3 garçons pauvres les rencontrant.
Ils semblent un écho visuel de leur passé, sorte de rencontre temporelle ou univers parallèle,
et leur futur étant peut-être Max et les ferrailleurs.
Ces 6 garçons rencontrent ces 4 enfants, travailleurs de nuit, car ils allaient se cogner dans ce terrain.
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- En détail, j'ai trouvé tout le film hyper chargé en tension homo-érotique: lors de cette scène de terrain vague, à côté duquel ils se garent, les trois pauvres attendent ( hésitants?), appuyés sur le capot; un des riches garçons finit par venir taper sur l'épaule d'un pour les inviter à marcher et ""à en finir""...son pantalon blanc très serré révèle qu'il cache sans doute une bouteille de coca-cola...il me rappelle le ...dos de la couverture de l'album Transformer de Lou Reed et son salamis ou extincteur caché dans le pantalon.
- Alors que je me disais que ce pénis apparent n'était qu'une coïncidence, ce que les anglais appellent un "wardrobe accident", v'là-t'y pas qu'au dessus de ces 6 Dalton marchant dans cette mini vallée au pied de la ronde colline, apparait lentement mais surement, une énorme forme phallique. (qui se révèle aile d'avion)
- Plus tard, dans un plan sans doute aussi accidentel..., Brialy dans l'appartement, a sa tête coincée entre deux entrejambes: à sa droite, le riche garçon se fouette le téton poilu avec des billets de banque, le regarde avec plein de sous-entendus, et cache une bouteille de coca dans sa poche gauche; le garçon allongé derrière, finalement ramène sa main sur son aine. Geste de main vers l'entrejambe que fera l'autre garçon aussi appuyé contre le mur. C'est au montage, c'est pas moi qui obsède!
- Et lors de leur toute première rencontre, ces deux même se serrent déjà de suite dans les bras. C'est quand le riche pense que le pauvre reluque sa caméra pénienne à l'arrière de sa grosse voiture: "vous voulez quoi?" lui crie gros zizi, agrippant Brialy, qui répond, "faire pipi" (allusion à golden shower?)...
- dans la scène d'appartement, les hôtes de la soirées sont allongées lascivement sur des sofas, mélangés aux garçons pauvres qu'ils ont amenés, et les riches garçons ont retiré leur chaussure pour se mettre à leur niveau, enfin VA-NU-PIEDS aussi?
- Tous fatigués car FANFARON, ils ont donné leur sang (cette fois volontairement, après la guerre?
- je n'ai d'ailleurs pas compris 100% la scène du coup de téléphone du riche garçon: il appelle une "Paola", lui dit qu'il a des invités; on entend "non des garçons, des mâles"(pléonasme?)...et il lui demande de venir avec d'autres "hommes"...il lui raconte qu'il en a rapportés "trois"...""un lion, une hyène et un tigre""...comme s'il invite cette Paola à une chasse... ça m'a un court instant fait penser au film d'horreur 'The Hunt' où par snobisme ou mépris de classe, des citoyens pauvres sont comparés aussi à des animaux. (d'ailleurs plus tard, quand le 3e leur dira avoir volé de l'argent, je ne suis pas certain du tout qu'il a volé cet argent?...je me demande s'il ne s'est pas prostitué avec eux, hors-champ?).
- je n'ai d'ailleurs pas compris non plus quand le même personnage passant la coup de fil mystérieux à Paolo, caressait plus tôt la joue de l'enfant ferrailleur de nuit. Il lui remettait la frange de ses cheveux. La croix du riche brille de mille feux quand il touche l'enfant et qu'il lui donne du pognon. Comme si face à l'acteur, avait été posé un spot de lumière sur la croix?
- L'enfant ferrailleur est aidant, ferrailleur de nuit, "pour aider sa maman" (l'aile cogne et gifle vraiment l'enfant acteur, quand la charrette tombe).
- je n'ai pas compris ce que siffle le personnage à la toute fin dans le taxi.
- je n'ai pas compris ce à quoi fait allusion le neveu du 1e recéleur, sortant de chez le sourd et muet , prenant par la main la prostitué traductrice et criant: "...le merle dit à la grive...tu entendras l'explosion si tu n'es pas sourd"
- je n'ai pas compris ce que lit le pauvre chez les riches (scène devant la grande bibliothèque qu'il explore; il tombe sur un poème "revenu dorer la terre, reprenez ma soeur" ??? ça doit être important car il tombe après sur la fille nue dans un lit qui pense que c'est son frère qui lui enlevait le drap!!!): "Amour, mon jeune emblème, revenu dorer la terre, répandue dans le jour rupestre; ma soeur, la mort; tu feras de moi ton semblable en m'embrassant en rêve"???????????? Le membre de SC MerrymanLyon reconnait "que ce poème lu par Terzieff, est l'Hymne à la mort (Inno alla morte) de Giuseppe Ungaretti", mais a le sentiment que "dans les sous-titres, la traduction est hésitante. "L'uguale mi farai del sogno /baciandomi", lui semble être "tu me feras l'égal du songe/ en m'embrassant" (et pas "tu feras de moi ton égal en m'embrassant en rêve"
- je n'ai pas compris le gros acteur qui regarde les putes marcher devant lui lors de la toute première scène (scène qui pourrait se passer sous les remparts d'Avignon en France...); ce voyeur? est assis sur la rambarde: c'est un obèse manchot ou alors son autre bras est caché car il se masturbe? ...et ce serait pourquoi, elle lui dit: "va te cacher!"?
- scène à la Cocteau?....quand elle sent que le drap est en train d'être retiré, elle pense que c'est "Achille"...puis réalise son erreur...c'était pas son frère..."où est mon frère?"..cette scène suggère t elle une relation incestueuse entre (demi?) frère et (demi?) soeur.
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- tout simple, mais j'aime le plan où le garçon qui va chercher les armes dans le coffre, court comme un enfant à la voiture, au très loin, mais la caméra reste dans la maison du receleur sourd muet, j'adore ces plans&scènes de l'intérieur regardant vers porte ouverte. (On retrouve par exemple le même type de scène, de course filmée de l'intérieur, dans Inglorious Basterds de Quentin Tarantino, quand Shosanna Dreyfus s'enfuit).
- cette scène est dans la maison du sourd muet, il faut marcher sur du sable pour en atteindre la porte...c'est la maison où on voit la première fille nue allongée endormie au lit.
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- film très émouvant aussi quand ils croisent une sorte de zombie, de vieillard en sursis, car se battant contre un cancer...j'ai été bouleversé par cette scène, pas qu'à cause de son cancer; mais parce que ce vieillard est leur double possible...un rappel de ce qu'ils vont si vite devenir, après l'usine?...un rappel visuel que le temps passe vite...en quelque sorte, ils se croisent enfants le soir (ceux qui portent l'aile), puis ils se croisent vieux (avec ce cancereux)? Ce vieux malade a l'air de dire d'alors profiter de la vie avant que ça vous arrive: il crie d'ailleurs (autant qu'il le peut car sa voix, comme sa position sociale, est éteinte) " AMUSEZ VOUS BIEN!" " AMUSEZ VOUS BIEN!" " AMUSEZ VOUS BIEN!"
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- au passage, j'ai reconnu John Huston sur une des photos des stars fréquentant le restaurant chic où ils rêvent d'aller mais où, même avec de l'argent, ils ne sont pas bienvenus. L'acteur sous la photo, dehors, contre les menus, a d'ailleurs à ce moment des airs de John Huston.
- les riches sont en blanc, jeans blancs, chemises blanches
- les pauvres sont en vestes variées, et je n'avais pas de suite compris qu'ils étaient pauvres car ces vestes sont désormais de riches: ils 'chassent' des poules en veste pieds de poule.
- encore un film et des dialogues qui m'ont donné envie d'apprendre l'Italien: (quand les putes se dis-putent)=>"tu nous piques nos clients pour nourrir ton ver solitaire"...(quand les receleurs/harceleurs se vannent; dépêches toi)=>"calmez vous! j'ai pas des ailes"....(quand les voyous parlent à un paysan, confrontant enfin l'Italie qui travaille et se lève tôt...."vous avez vu les filles avec qui on était")=>"je garde mes vaches , pas celles des autres".
- la scène et les plans sous les canons d'arrosage est bouleversante...où redevenus enfants, ils se parlent avec moins de masques fanfaron! ... lui est torse nu; elle, elle n'en revient toujours pas qu'elle soit "devenue pute" alors qu'elle rêvait de "devenir institutrice". (il me reste à aller chercher qui a fait la photographie du film car ce ne sont que mes premières remarques) Les scènes de confession sont fortes car ils fanfaronnent sans cesse et se vannent: sous la pluie, là, ils se parlent franchement et sur le sofa aussi, l'un des pauvres se confiera sur sa fièvre et anxiété intérieures.
- les 3 petits cons et cochons en blanc et très riches m'ont aussi fait penser à Dickie Greenleaf et son ami Freddie Miles dans les Patricia Highsmith rencontrant le pauvre Ripley qui rêve de les imiter (notamment en Italie)
- en détail, et coïncidence de tournage, l'aile d'avion cogne et gifle vraiment l'enfant acteur (quand la charrette descend et presque tombe).
- en détail, et coïncidence de tournage, quand le très pauvre parle allongé au sol à côté de la jeune femme riche qui joue avec sa chatte (figure de beaucoup de tableaux classiques), une mouche, justement à merde, se pose sur l'épaule droite du va-nu-pieds déclassé!
- je n'ai pas compris non plus ce que siffle ce même personnage à la toute fin dans le taxi; taxi à qui il croit donner son dernier billet, puis il en trouve finalement un autre, mais le jette d'un pont et le billet tombe dans un dépôt d'ordures, sauvage aussi; et ce billet rejoint la chaussure d'une cendrillon...on reconnait alors le tout premier plan du film.