Le générique de Guardians of the Galaxy vol. 2 est la petite leçon de cinéma de James Gunn. Dès le départ, le réalisateur dit tout. Et il montre surtout en quoi il se différencie dans l’univers Marvel.


Petite digression tout d’abord avant d’expliquer pourquoi.


Quand un film Marvel sort, je ne peux pas m’empêcher de le regarder, car j’ai biberonné aux Strange, Spiderman, X-Men… Et à chaque fois que je vois un de leurs films, je suis insatisfait et je m’agace du manque d’ambition cinématographique. Je reste admiratif de la cohérence du MCU (Marvel Cinematic Universe), mais vous avez beau mettre des réalisateurs affirmés comme Joss Whedon ou Kenneth Branagh, j’ai l’impression de toujours voir le même film. Avec plus ou moins de réussite.


Et puis, il y a eu un petit éclair de génie dans… Ant-Man. J’en avais déjà parlé dans ma critique, il s’agit de l'affrontement final entre Ant-Man et Yellowjacket, sur le train Thomas, héros de la série britannique Thomas et ses amis. Avec ce moment, Peyton Reed rappelle que le cinéma est surtout une question de point de vue. Dans la scène en question, au plus près, nous vivons une scène d’action super-héroïque. De loin, on ne voit qu’un jouet tomber. Selon où se situe la caméra, une scène prend une toute autre signification. L’art du réalisateur consiste à savoir où mettre sa caméra.


C’est ce que fait justement James Gunn dans son générique. Une scène d’action gigantesque s’annonce et le réalisateur choisit de placer sa caméra sur un détail de la bataille.


Baby Groot, donc. Le procédé peut sembler démago en focalisant sur l’élément ultra-populaire du film, mais je considère plutôt qu’il axe sur l’anecdotique, vu que Groot est le seul à ne pas pouvoir combattre.


En choisissant ce point de vue, James Gunn nous prévient : l’action est l’arrière-plan. Quel est le premier plan ? L’humour et les personnages.



« C'est à la fois un film plus ambitieux et plus intime car on se concentre plus intensément sur certains des personnages. » James Gunn



Sur ce dernier point, on n’évite pas la guimauve malheureusement… Passons. L’action est bien entendu omniprésente, mais l’humour n’est pas là un bouche-trou entre deux séquences, ni un gimmick pour monter une bande-annonce. L’humour est en filigrane chez Joss Whedon, mais il ne constitue pas le premier plan du film. Gunn a choisi de faire le focus sur l’humour. Ce choix lui permet donc de faire des gags complètement inattendus, mais en adéquation avec le reste de son film.


Comme la danse à la fin du 1 ou encore le Pacman dans le combat final du 2.


Un autre point est mis en avant dans ce générique, qui guide d’ailleurs notre « détail » tout le long : la musique. Et quand cette dernière s’éteint, place à l’arrière-plan : l’action.


Le volume 1 comme le 2 se démarquent par une bande-son de choix, marquée par les années 70. Ils suivent les goûts de Star-Lord qui sont bloqués sur cette période car le jeune Peter Quill est enlevé en 1988. Or James Gunn est né en 1970. Difficile de ne pas faire un parallèle entre les deux. L’autre choix de réalisateur est donc de se focaliser « culturellement » sur cette période, à la manière d’un Tarantino ou d’un Scorsese. Il choisit de réduire ses références culturelles, ne cherchant pas à séduire tous les publics et tous les âges.


Avec ces deux éléments forts, James Gunn se démarque dans la production Marvel, parce qu’il agit comme un réalisateur. Il fait des choix. Ne nous méprenons pas, je ne le compare pas à des grands réalisateurs, avec des styles ou des visions bien marquées. Nous sommes très loin d’un Kurosawa, d’un Kubrick, d’un Malick… La chose est rare dans le MCU. DC se distingue de Marvel en cela, pour le meilleur (les Dark Night de Nolan) et pour le pire (Superman + Batman de Snyder).


Reste un point que j’ai du mal à situer : Deadpool. J’aurai du mal à caractériser Tim Miller comme un réalisateur affirmé, tant la mise en scène est pauvre. Toutefois, le film est marqué par la volonté conjointe de deux hommes, Tim Miller et Ryan Reynolds, qui donne son cachet au film (que l’on n’aime ou pas d’ailleurs). Un caractère que reconnait James Gunn.



« Vous allez bientôt voir que Hollywood va mal comprendre la véritable leçon de Deadpool et donner le feu vert à des films "façon Deadpool". Ce qui ne veut pas dire dans leur bouche "bon et original" mais "un film de super-héros paillard" ou "brisant le 4e mur". Ils vont vous traiter comme si vous étiez stupides, ce qui est justement la seule chose que Deadpool ne fait jamais. » James Gunn



Comment James Gunn est-il arrivé à ne pas être aplani par le MCU ? Lors d’un questions/réponses sur Twitter, le réalisateur juge que le MCU n’a pas dû composer avec les films existants de l'univers pour réaliser Les Gardiens de la Galaxie. Le réalisateur laisse entendre que les aventures de Star-Lord ayant lieu dans le cosmos, elles peuvent être indépendantes des événements qui se produisent sur Terre (Lu ici). Peut-être est-ce là la liberté qui a manqué à Edgar Wright pour faire son Ant-Man.


Pour toutes ces raisons, j’ai donc très peur de l’ingurgitation des Gardiens dans les futurs Avengers : Infinity War. Même si Zoe « Gamora » Saldana est très confiante.



« Il y aura beaucoup d'action, mais aussi, en tant que gardiens faisant partie de cela, nous fournirons cette légèreté et je pense que ça va donner des films plus intéressants. […] C’est un univers tellement vaste ! Tellement d’enjeux, d’histoires parallèles, je suis vraiment excitée par tout ça ! J’aime le fait que les Gardiens gardent l’identité qui leur est propre. On n’est pas juste des figurants ou quoi. Nous apportons une réelle plus-value à un monde tellement riche. Je suis impatient de voir comment les gens vont réagir à notre introduction dans le MCU avec les autres super-héros. Je suis déjà super fan des aventures et des Avengers et de leurs histoires. Ce sera à la fois dramatique et génial. » Zoe Saldana



Dramatique est peut-être le terme.

Caledodub
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le 18 mai 2017

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Caledodub

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