J'avais franchement apprécié le premier opus, sans être transcendé. Personnages hauts en couleur, humour balourd qui fonctionne la moitié du temps, pitch ultra-classique... James Gunn avait au moins eu le mérité d'injecter du fun décomplexé et de l'autodérision dans un MCU dominé par ces culs-serrés d'Avengers.
Je suis sorti du visionnage de ce deuxième opus, certes diverti, mais surtout assommé par tant de guimauve et pensif quand aux intentions du film. C'est donc principalement de cela qu'il sera question dans cette chronique.
Pour le pitch: Star-Lord et sa bande exécutent un contrat pour de riches et puissants employeurs mais se les mettent à dos en essayant de les doubler. Contraints de se poser en catastrophe sur une planète, ils y rencontrent un homme prétendant être le père de Quill.
Pour commencer par le début, la séquence d'ouverture est ultra-bien pensée. Nos héros se bastonnent avec une grosse bébête en arrière plan pendant que baby-Groot nous gratifie d'une danse sur de la musique 80's, évidemment. Tout le fun, tout l'esprit de la série est là. Oui, mais également toutes ses limites. Car à trop s'éterniser, la scène devient banale, voir carrément ennuyeuse.
Et c'est ce qui caractérisera beaucoup d'aspects de ce second volet. Les blagues fonctionnent très bien la première fois, un peu moins la deuxième, ensuite on passe à l'overdose.
Oui, on a compris que les gardiens voulaient briser les codes du blockbuster et assumer leur balourdise. Sauf que c'est pas juste une comédie. On est sensés retrouver un souffle épique derrière tout ça, un intérêt pour les enjeux du film. Du coup, quand on est mis en tension par une scène au tragique désamorcé par la énième répétition d'une vanne, bah on est un peu déçus.
Parmi les vannes qu'il aurait fallu arrêter bien plus tôt, on peut citer: le manque de tact de Drax avec la nouvelle protagoniste, les confusions sur l'espèce animale à laquelle appartient Rocket...
Alors ça n'empêche pas que j'ai pu rire plusieurs fois, et fort. Je donne en vrac (ceux qui ont vu le film comprendront): le clin d’œil de Rocket, les gaffes de Drax, "Taserface", l'anatomie de Kurt Russel, Baby-Groot et la bombe, le ruban adhésif...
Seulement voilà, à force de penser autant le film comme une compilation des la musique des années 1980, les situations se diversifient, se multiplient, et si on peut en retirer quelques pépites, le mauvais goût en domine aussi beaucoup.
Pour parler un peu plus des personnages, les protagonistes principaux sont assez bien écrits et on s'attache véritablement à chaque membre du petit équipage. Passée leur découverte dans le premier volet qui insistait sur l'étrangeté et le caractère hétéroclite de la bande, le second volet réussit le pari de créer de véritables personnages multidimensionnels.
Mais il faut maintenant aborder le thème principal du film : LA FAMILLE. Et vous allez en bouffer, oh oui...
Entre le père (?) de Star-Lord, la sœur revancharde de Gamora, le pirate repenti, vous ingérerez tellement de guimauve et de bons sentiments, de retournements improbables (psychologiquement parlant), que votre fin de film sera clairement gâchée (elle l'a été pour moi).
Et c'est là que la recette "Gardiens de la Galaxie" montre sa limite. De l'humour potache, des situations cyniques, oui. Mais au sein d'une structure et d'un développement bien plus classiques et convenus.
Première conséquence, comme je l'ai dit plus haut: Sur quel pied danser? Doit-on s'impliquer dans les combats, dans les dilemmes, sachant que toute tension sera balayée par un prout (bon, y a pas vraiment de prouts, mais vous m'avez compris), ou totalement abandonner la recherche d'un quelconque attachement à l'intrigue et profiter du spectacle et de la marrade?
Seconde conséquence: A quel degré doit-on lire le film ? Est-ce que le final interminable (servi par la musique, pourtant magnifique, de Cat Stevens) a vocation à moquer les bons sentiments dégoulinants de certains blockbusters ou bien James Gunn assume-t-il pleinement d'intégrer tant de niaiserie à son oeuvre, au premier degré ?
Parce qu'entre le terme central de la filiation, le nombre de fois où on nous sort les violons, les tentatives de nous faire nous attacher à des personnages plus que secondaires (ce pirate qui les aide à la fin, WTF), j'ai quand même eu l'impression que tout ça ne relevait pas juste de la blague.
Alors bien, sur, je n'ai pas boudé mon plaisir non plus. Batailles spatiales impressionnantes, plans séquences maîtrisés et pertinents, on est dans le haut du panier de l'action décomplexée et plaisante (malgré une certaine faiblesse des effets spéciaux, selon moi... volontaire ?).
Le côté "jeu vidéo" ressort bien (notamment à travers les diverses apparences du méchant), au risque de lisser un peu trop certains rendus.
J'ai même été agréablement surpris par le "twist" concernant les desseins du "père" de Quill, malheureusement gâté par la suite des événements,certes fun, mais dénuée de réelle tension.
Pour conclure, je crois que j'avais rarement autant ri et soupiré à la fois dans une salle de cinéma. 6/10 parce que ça reste bien foutu et plaisant à voir, pour peu qu'on ne se pose pas trop la question du degré de lecture.