Un mot simple peut qualifier l’entièreté du film : lourd.
Lourd en effets spéciaux, qui explosent littéralement l’écran. Lourd en plaisanteries, boutades et autres calembours vaseux. Lourd en couleurs, en saturation de l’image, en mouvements de caméra. Lourd dans son scénario qui avance difficilement, se traîne, fait attendre le spectateur comme un enfant qui attend une histoire avant d’aller dormir.
Alors, bien ou pas bien ? Un peu des deux. Le film est un Marvel Studio, ce qui le place dans l’inimitable catégorie des « films-de-super-héros-légers-mais-qui-tentent-de-proposer-un-fond-à-leur-propos-mais-se-noient-dans-des-raccourcis-scénaristiques-faciles-et-un-trop-plein-d’humour-pas-toujours-bien-placé ».
Ces satanés raccourcis scénaristiques sont chaque fois plus visibles, décidément. Néanmoins, si dans Civil War c’était à la limite de l’indécence vis-à-vis du spectateur, il y a ici le mérite d’essayer timidement des trucs ici et là : un moment émotion chez un raton-laveur, une relation père-fils improbable, une civilisation mi-Dior, mi-hipster ou encore une dualité entre sœurs qui effleure parfois la bonne idée. Mais sans plus.
Le film tente de développer ses personnages sans utiliser ce qui fait le cinéma à la base : des scènes aux enjeux intéressants et des situations de jeu d’acteurs pertinentes. Au lieu de ça, on met simplement deux personnages côté-à-côte et on les fait parler. C’est forcé, téléphoné, pas bien naturel, quoi.
Du coup, on tombe dans un récit qui suit le schéma suivant :
- Les héros doivent faire un truc dangereux.
- Des méchants leur barrent la route.
- De nouveaux personnages / anciennes connaissances surgissent pendant la baston.
- Les héros discutent avec les nouveaux venus.
- Les héros discutent entre eux dans des moments intimes ratés.
- Un truc les interrompt.
- On recommence.
Heureusement que les personnages en question sont toujours aussi sympathiques et frais. On sent bien que les acteurs s’amusent, c’est dynamique et vivant même quand c’est du CGI un peu trop voyant.
Les effets spéciaux, parlons-en ma bonne dame ! Alors là oui, ça envoie du pâté de campagne, voire du Lou Gascoun. On en prend plein la face. Tellement plein la face que certains éléments paraissent bien moins impressionnants comme ce cher Baby Groot qui, s’il est la caution mignonne vendeuse de jouets du film, reste pourtant très peu palpable, peu réel. On sent l’image de synthèse beaucoup plus qu’avec le raton grognon, au rendu bien plus abouti. Bon après c’est du détail, on s’en tape un peu sur le moment.
Quid de l’histoire ? Eh bien à chaud, comme ça, on pourrait y trouver un intérêt mais on ne peut s’empêcher de ressentir une sensation de déjà-vu, de schéma classique, éculé et peu original. Le premier épisode souffrait déjà de ce schéma du film d’action absolument banal, vu et revu, celui-ci n’y coupe pas non plus. On s’intéresse un peu à ce père mystérieux au début, puis moins, puis finalement, ah bon, c’était ça en fait ? Ah, d’accord. Rien de follement prenant. On se surprend même à attendre la prochaine blague vaseuse plutôt que la suite de l’intrigue. C’est dire.
L’humour, ce faux ami. C’est bien l’humour, hein, j’adore ça, j’en ai deux chez moi. Mais Marvel doit de toute urgence apprendre à le maîtriser, à utiliser un peu de morphine sur ses scénaristes pour les calmer. Non parce que quand on voit que la promo du prochain Marvel Thor 3 s’appuie sur des news comme « Thor 3 sera encore plus drôle que le 2 ! » alors que le 2 était déjà plein à craquer de gags enchaînés à la rotative toutes les quinze secondes, on se demande quelle est la priorité des scénaristes.
Ici c’est simple : ça n’arrête pas. La quasi-totalité des scènes contient un ou plusieurs gags qu’on peut classer en trois catégories :
- Le gag de fin de conversation qui désamorce complètement la dramatisation d’une situation.
- Le gag de répétition.
- Le gag visuel simple, limite cartoon.
Dans les trois cas, les ressorts et mécanismes humoristiques sont très bien utilisés, mais beaucoup trop souvent, quitte à alourdir franchement certaines scènes alors que l’humour devrait rendre le ton général plus léger. C’est dommage, d’autant que les idées géniales ne manquent pas.
Les Gardiens de la Galaxie 2, c’est un film qui va faire sourire le plus grand nombre. Si l’on n’en ressort pas aigri ni franchement mécontent, c’est uniquement grâce à son immense capital sympathie que le premier opus lui a octroyé. Mais le modèle s’essouffle artistiquement et le renouveau serait de mise pour un éventuel troisième opus, sans quoi la redondance aura raison de la complaisance.
Surtout quand le mec qui tient la barre a réalisé un film comme « Super » auparavant.