Devant Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, on se dit tout d'abord que le film ne va être « que » bien, même si l'on serait incapable de dire pourquoi. A cause peut être de cette entame sur Knowhere sur l'air de Creep, rappelant l'épisode Holiday Special lâché sur Disney +, sympathique mais au délire tournant un peu à vide.
Les dynamiques entre les personnages restent aussi à peu près semblables, même si le réalisateur ne peut faire l'impasse sur la perte de la Gamora originale subie par Quill.
On pourra s'étrangler du traitement réservé à Adam Warlock, sans doute la fausse note d'un film qui pouvait promettre beaucoup sur cet aspect du scénario, et alors même que l'autre nouveau personnage, alias le Maître de l'Evolution, qui aurait pu apparaître comme une greffe maladroite, est introduit sans aucune difficulté.
Mais la suite dithyrambique du billet que vous allez lire est sans doute motivée par l'aspect doudou de la franchise, ultime trace post Endgame du souvenir heureux des premières phases d'un Marvel Cinematic Universe qui suscitait un peu moins la controverse et la posture de ras-le-bol que la majorité d'entre vous a adoptée... Tout en continuant pourtant à aller voir en salle chaque nouvel opus.
Parce que Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 continue de porter haut son identité et celle de son géniteur, le seul réalisateur qui, finalement, aura réussi à affirmer aussi longtemps sa différence sans se laisser écraser par le cahier des charges de la Maison des Idées. A préserver l'incongruité de ses personnages dans les opus qu'il aura portés.
Parce que chaque minute du film porte la patte James Gunn de son humour impertinent, de son amour du cracra visqueux, des marginaux et des costumes épais en latex.
Mais avant tout, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, c'est une véritable déclaration d'amour du trublion bis à ses héros et à leur univers constamment tangible et habité de space opera fantasque, branque et zinzin. A des personnages chéris aux interactions tour à tour infiniment drôles, furieuses et émouvantes qui se disent je t'aime en se gueulant dessus pour ensuite mieux se tomber dans les bras la seconde suivante. Comme dans toute famille en somme, dysfonctionnelle ou non.
Une dernière aventure au capital de séduction et de sympathie finalement identique à ses aînées, mais qui prend cette fois-ci par surprise alors que l'on était en droit de redouter une redite confortable.
D'autant plus que le film est centré sur le passé de Rocket, seulement évoqué sous forme d'allusion jusqu'alors, réussissant l'exploit de rendre encore plus attachante une « simple » créature en images de synthèse, plaquant des images et des mots sur la douleur et la tragédie qu'il porte en bandoulière et sa volonté de s'intégrer dans une famille de cœur.
De cœur, le film n'en manque pas, tellement James Gunn semble vouloir donner à son univers une dernière tournée en forme de baroud d'honneur en alignant les plans joliment shootés, les quiproquos drolatiques et les scènes d'action lisibles, inspirées et spectaculaires.
Afin de livrer une dernière bizarrerie borderline, tout aussi sale que débordante de tendresse et d'amour. Une bizarrerie en forme d'adieu, tant pour le, réalisateur, qui est désormais passé à l'ennemi et a pris la commandes de la Distinguée Concurrence, que pour chacun d'entre nous.
Parce qu'après en avoir pris plein les yeux et le cœur deux heures trente durant, on réalise avec tristesse que si ces héros sont appelés à revenir, celui qui a porté leur singularité à l'écran pendant presque dix années ne sera forcément plus de l'aventure.
Et on réalisera avec d'autant plus de larmes dans les yeux qu'après la saga des pierres d'infinité, une autre page glorieuse du Marvel Cinematic Universe s'est tournée le 3 mai 2023.
Que restera-t-il de nos amours après cela ?
Behind_the_Mask, Rocket honor picture show.