L'heure de la dernière virée avec Les Gardiens de la Galaxie est arrivée. Celle en compagnie de James Gunn au sein de MCU également.
On ne saluera jamais assez le bonhomme d'avoir sorti ces personnages peu connus des limbes du catalogue Marvel pour en avoir fait la bande de bras cassés, de sympathiques losers cabossés par les épreuves, la plus attachante et drôle de tout cet univers cinématographique.
Imités jusqu'à l'overdose par certains de leurs collègues sans en retrouver l'essence qualitative, l'aura des Gardiens sera l'une des rares à être restée intacte au sein du MCU, maintenue par un réalisateur épris d'une tendresse manifeste envers ses laissés-pour-compte devenus les protecteurs de la galaxie, les surveillant de près lorsqu'ils allaient épauler quelques confrères dans d'autres combats et, surtout, aujourd'hui soucieux de leur offrir une conclusion à leur hauteur.
À la suite de films Marvel n'ayant pas su répondre aux attentes du public (surtout du côté d'un homme-fourmi que l'on ne nommera pas), ce troisième volet en forme de bouquet final aux aventures des Gardiens de la Galaxie était donc attendu par beaucoup et à bien des égards.
Après voir laissé tomber le boulet Thor (ouf !) et enlevé Kevin Bacon dans un spécial Noël, les Gardiens de la Galaxie coulent des jours paisibles sur leur QG installé sur Knowhere. Alors que tous s'occupent d'un Star-Lord encore en train de broyer du noir en pensant à sa défunte Gamorra, un être surgit des confins de l'espace et s'en prend violemment à l'un d'entre eux. Dans le but de le sauver, les Gardiens se lancent sur les traces du mystérieux Maître de l'Évolution...
Ce n'est pas un secret, et la séquence musicale d'ouverture est très révélatrice sur ce point, Rocket Raccoon a une place importante au sein de ce troisième film.
Pendant que ses amis partent vivre un périple familier, "Les Gardiens de la Galaxie 3" nous ouvre effectivement pour la première fois les portes de son passé tragique au cours de flashbacks devenant bientôt sa force émotionnelle continue, à la fois par le réquisitoire en régle contre la maltraitance animale à des fins scientifiques véhiculé et, bien sûr, notre attachement construit sur la durée à ce membre éminent de l'équipe dont on découvre ici l'évolution réduisant en miettes son innocence de petite bête poilue.
De ce côté, James Gunn nous mettra invariablement à terre, tout comme les retrouvailles avec les autres Gardiens (et avec les petits derniers comme Cosmo et Kraglin) sauront nous coller un sourire sincère au visage dès les premières minutes avant que ceux-ci partent accomplir ce qu'ils savent faire de mieux: retrouver la trace d'un super-vilain dans de nouveaux environnements incongrus et sujets à malmener gentiment leur esprit d'équipe à coups de rencontres improbables ou de remarques acerbes... Étonnamment, c'est sur ce terrain pourtant connu (sur les phases disons du braquage et de la "planète sosie") que "Les Gardiens de la Galaxie" va commencer à un peu lasser.
Enbourbé dans -ce qui est peut-être le pire chez Marvel- un ton léger omniprésent (bien plus que les précédents opus), le film se disperse dans une profusion de gags à l'efficacité très relative et des points de vue à l'intérêt variable, jusqu'à avoir un mal fou à trouver un rythme de croisière véritablement emballant ou une réelle consistance quant à sa construction et les développements d'éléments nouveaux dans son sillage (Adam Warlock et le Maître de l'Évolution en pâtiront d'ailleurs fortement pour s'imposer). Certes, on ne peut pas s'empêcher de s'amuser avec tout ce petit monde à certains moments (merci Mantis et Drax, indiscutablement les meilleurs à ce niveau !) et les révélations du passé de Rocket sont là pour assurer un minimum de liant dramatique à l'ensemble mais, au-delà de ça, "Les Gardiens de la Galaxie 3" semble tout et trop miser sur l'humour au point de briser n'importe quelle autre tonalité qui irait à cette encontre. Et cela en devient même inquiétant quand, après une première grosse heure de film, l'ennui commence à se faire sentir autour par exemple d'une énième discussion "je t'aime moi non plus" entre Star-Lord et Gamorra 2.0 ou autre vanne/quiproquo qui prend l'eau.
Heureusement, James Gunn va dissiper ce sentiment grâce à la deuxième moitié de son long-métrage (à partir de la première rencontre avec le Maître, disons), sorte de condensé du meilleur de ce que peut offrir un "Gardien de la Galaxie", où les éclats de rire se disputent aux larmes dans un va-et-vient émotionnel fonctionnant à pleine puissance, où le spectacle devient incroyablement épique en termes de space opéra et de morceaux de bravoure qui s'y jouent, où une séquence d'affrontement devient la plus folle que l'on ait vu dans le MCU depuis des années... Où James Gunn donne tout simplement tout pour ses Gardiens et leur offre le tapis rouge qu'ils méritent pour leur sortie.
Comme le Maître de l'Évolution qu'il est pour eux en quelque sorte, comme s'il s'était rendu compte des défauts de la première partie du film et, réalisant l'impossibilité de perfectionner par un renouveau ce qui a fonctionné, en revenait aux plus belles et fondamentales mécaniques de ses Gardiens pour un feu d'artifice parfait en guise d'au revoir ! Chaque individualité y aura ainsi le temps de briller pour mettre en avant le groupe et sa force au sein d'un final qui, dans un monde idéal devrait être la référence pour tout film Marvel à venir.
Malgré les faiblesses de la première heure (cela en fait peut-être le moins bon film de la trilogie), on ne remerciera donc jamais assez James Gunn pour ce cadeau d'adieu à ses Gardiens de la Galaxie qui, grâce à lui, resteront définitivement dans le haut du panier de tout ce que le MCU a pu nous proposer jusqu'alors. Et, bon sang, si l'on nous avait dit un jour qu'une équipe composée d'un raton-laveur au tempérament irascible, un arbre vivant, une guerrière verte indomptable, sa sœur bleue colérique, un colosse naïf et un humain gaffeur au grand cœur nous manqueraient autant après ce qui est apparemment leur dernière aventure ensemble, on ne l'aurait jamais cru. Oui, définitivement merci pour ça, James Gunn.