Comme toute personne aimant un tant soit peu le cinéma, les films du MCU ne sont pas ma tasse de thé. Pourtant, tel un phare dans la nuit, ceux réalisés par James Gunn sortent du lot. En effet, qu'on aime ou non le bonhomme, force est de constater qu'il possède une chose que n'ont pas 90 % des autres réalisateurs qui tapinent pour Kevin Feige : une pâte. Par corollaire, la trilogie des Gardiens de la Galaxie est objectivement la trilogie qui s'en sort le mieux de tout l'univers cinématographique Marvel… pas bien dur en même temps quand en face se retrouvent des trilogies très inégales comme celles d'Iron Man ou de Thor (qui n'est plus vraiment une trilogie), ou carrément mauvaises comme celles d'Ant-Man ou de Spider-Man.
Un autre élément qui fait que Les Gardiens de la Galaxie surpasse ses « concurrents », c'est la plus grande liberté laissée aux créatifs. Forcément, quand tu n'es pas contraint de devoir recouper avec tels ou tels autres films sortis juste avant ou qui sortiront juste après (le pire étant les Captain America 2 et 3), voir que tu n'es pas obligé de recouper avec le trilliard de séries Marvel, le côté « série », justement, se fait moins ressentir. En cela, le film de la saga (et le film du MCU tout court d'ailleurs) qui s'en sort indubitablement le mieux est le second épisode des Gardiens de la Galaxie (probablement mon film du MCU préféré) : une sorte d'anomalie tant l'aura de Gunn entoure le film plus que jamais et tant il ne fait pas écho aux autres films du Marvel Cinematic Universe, si ce n'est bien évidement au premier épisode des Gardiens de la Galaxie. Cocasse de constater que mon film du MCU préféré est celui qui fait le moins « film du MCU » justement.
Parce qu'avec le 3, malgré tout, il faut avoir vu le « diptyque » Avengers Infinity War et Endgame pour comprendre ce dont il en retourne : connaître la raison du pourquoi du comment Gamora agit de la sorte avec Quill par exemple. Dans cette même logique de continuité avec l'univers étendu Marvel, la fin du film ne clôt pas définitivement l'arc des Gardiens de la Galaxie, l'une des dernières séquences, et surtout l'écran final, annonçant déjà un quatrième épisode… avec d'autres personnages, et fort probablement un autre réalisateur (je vous laisse deviner l'intérêt que je porte à cet éventuel projet).
« Conclusion » oblige, le scénario de ce troisième épisode, le ton, diffère donc de celui des deux premiers : plus sérieux et avec un côté space opera moins prononcé que le deuxième, il conserve néanmoins ce côté imbroglio familial du second, la déplaçant au sein même des gardiens dans un premier temps, pour ensuite créer une rupture définitive (!?) au sein de cette même famille. Toujours dans le registre du sérieux, le fait de faire de Rocket le personnage au centre de l'intrigue (tout en rendant paradoxalement ce même personnage absent des deux premiers tiers du scénario), de se plonger dans son background, des expériences et des maltraitances qu'il a subies en tant que raton laveur, fait de ce troisième opus des Gardiens de la Galaxie une sorte de film « 30 Millions d'Amis-like », en tous cas, un film que la PETA ne reniera pas. Un sujet encore trop peu exploité dans les blockbusters.
Pourtant, les Gardiens de la Galaxie 3 a beau contenir un message relativement fort pour un film du MCU, cela n'empêche que son scénario est loin d'être infaillible ; partant dans de trop nombreuses directions à la fois, le film ne nous indique clairement pas où il va par moment, le jargon très (trop) comics n'aidant pas. Dans cette même logique, le long est structuré de telle sorte qu'on a l'impression de se retrouver bien trop vite face à la fin du long (dès la moitié en fait) et que James Gunn a tenté, avec plus ou moins de mal, à redonner du souffle à son film jusqu'à ce qu'on se retrouve face à la vraie fin pour de bon.
Par contre, toutes les critiques entourant le personnage d'Adam Warlock ne me parlent absolument pas. Est-ce que la présence du personnage nuit au récit ? Non. Est-il fidèle par rapport aux comics ? Non plus… mais à vrai dire, je m'en branle un peu, si ce n'est complètement. Si je veux que ce soit comme dans les comics, je lis les comics justement, je ne fais pas un caca nerveux de fanboy. Un bon réalisateur se devant d'hésiter nullement à trahir l'œuvre originale afin d'arriver à ses fins… au pire, à vous d'assumer que vous préférez la série télé Shining, réalisée par Mick Garris, au chef-d'œuvre de Stanley Kubrick… bah quoi ? C'est bien la première qui est la plus fidèle au livre de Stephen King non ?
Pour revenir sur la comparaison avec les autres films Marvel, à une époque où leurs FX sont quelque peu… critiquées, à raison (sans parler de la manière dont sont traités les techniciens des effets spéciaux), les Gardiens de la Galaxie 3 s'en tire, une nouvelle fois, très bien, proposant des effets qui ne jurent pas avec le reste du film, qui ne font pas moches. Je suis même surpris que Marvel ait validé l'anus géant… anus géant qui, accessoirement, fait aussi planète. Du James Gunn tout craché !
En ce qui concerne les scènes d'actions, là encore, rien à dire : elles sont réussies. Pour le coup, inutile de parler de ce fameux plan-séquence qui surgit vers la fin du long et dont tout le monde parle. Par contre, je suis plus dubitatif quant au changement de format en plein milieu de certaines séquences : le film passant régulièrement d'un format CinemaScope (2,39:1) au format IMAX (1,90:1), parfois d'un plan à l'autre lors de la même scène. Ah tient, on retrouve aussi ça chez Christopher Nolan…
Bref, sans être le meilleur film du MCU, ni même le meilleur épisode des Gardiens, ce troisième opus s'en sort tout de même très bien et se positionne, sans trop de surprise, dans le top des meilleurs films de l'univers Marvel (pas bien dur en même temps). Dommage que l'un des seuls réal' compétent du studio se soit barré chez la concurrence… m'étonnerait qu'on ait de nouveau droit à un film de ce niveau avant longtemps chez eux.