Les Gazelles par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ils s'entendent rudement bien Marie et Éric, ils ont la trentaine et se fréquentent depuis le lycée. Leur liaison est si solide qu'ils décident d'acheter ensemble un appartement. Le bel amour va alors s'effondrer car Marie connaît un coup de foudre pour Martin, un beau garçon qu'elle vient de rencontrer. Elle compte bien sûr entretenir une relation durable avec son nouvel amoureux mais ce n'est qu'un rêve car le jeune homme, toujours en voyage, la quitte aussitôt. Marie se retrouve seule, se réfugie chez une collègue de bureau et va se mettre à fréquenter quelques autres copines adeptes de la fête, de la drague et des ... désillusions.

Dur, dur d'appréhender la liberté pour la ravissante Marie du haut de ses trente ans car on sait ce que l'on quitte mais on ne sait pas ce que l'on gagne. Cette décision subite va l'entraîner dans une aventure personnelle hasardeuse. A trente ans Marie est devenue une "gazelle" car elle tente de s'adapter au mieux malgré la situation où elle se trouve tout en étant très versatile. Elle se déplace donc très vite selon les situations qui s'offrent à elle. La jeune femme travaille à "Pôle Emploi" et trouve refuge chez sa copine Sandra, sa copine de travail, une maman complètement déprimée et qui élève seule son gamin comme elle peut. Partant de là Marie va faire la connaissance de trois autres femmes très délurées et aussi avides de fêtes et de libertés, les poussant même à pas mal d'excès. Il est bien loin de ses pensées le pauvre Éric. Toutefois nos héroïnes nous démontrent qu'avec leurs trente ans les hommes ne les prennent plus trop au sérieux et songent à éviter le traquenard. Cette liberté tellement recherchée se transforme en parcours du combattant et ces "Gazelles" deviennent, au milieu de leurs rires de leurs pleurs, de leurs aventure furtives et du regard réprobateur de certains, assez pathétiques. Reste à savoir si dans le temps Marie et ses copines adeptes du célibat, de foires parviendront à être véritablement heureuses. Rien n'est moins sûr.

Ce film inspiré d'une pièce de Camille Chamoux est plein de bonnes intentions tout au moins au niveau de son sujet. Toutefois je trouve assez dommage que Mona Achache qui nous avait offert "Le Hérisson", film que j'avais apprécié pour l'atmosphère pleine de finesse qui s'en dégageait, se soit laissée prendre ici au piège de l'outrance. Cette œuvre a un côté provocateur qui n'est pas pour me déplaire sauf que les "Gazelles" sont analysées de manière très caricaturale. A vouloir aller trop loin dans la vulgarité de certaines scènes, on a du mal à croire à la crédibilité de ces femmes en difficulté, parfois anéanties ou euphoriques. De ce fait ce film que l'on baptise "comédie" alors que nous ne sommes pas loin du "drame" a du mal à nous toucher malgré certains passages assez émouvants. C'est pourquoi j'émets de grandes réserves sur cette seconde réalisation de Mona Achache qui ne manque cependant pas d'idées.
Côté interprétation, Camille Chamoux se tire pas mal du tout de ce rôle de Marie oscillant comme ses quatre copines entre l'euphorie, les regrets et le doute. Audrey Fleurot qui interprète la collègue de "Pôle Emploi" est bien entendu sur la même longueur d'onde tout comme Anne Brochet, Naidra Ayadi et Joséphine de Meaux qui complètent cette petite bande pleine de complicité dans cette loi de la jungle que peut être pour elles le célibat. J'ai également apprécié Franck Gastambide que j'ai trouvé parfois émouvant dans le rôle d'Éric.

Voici donc une réalisation dans laquelle les idées fourmillent mais par manque de sobriété et de sensibilité et par une overdose de vulgarité elles ont bien du mal à nous sensibiliser au thème abordé. A vouloir trop en faire on rate parfois la cible que l'on voulait atteindre et cette fois Mona Achache a tiré à côté.