Devant la concurrence acharnée que se livrent trois sociétés qui vendent des caramels, l'attaché de presse de l'une d'entre elles, qui se nomme World, va recruter une fille du peuple afin qu'elle devienne une idole de par sa condition modeste.
Cinquième film de Yasuzō Masumura, Les géants et les jouets est une critique terrible du capitalisme, et du boom économique à venir, à travers un drame coloré et pop, ce qui en fait un cruel paradoxe quand on y pense. Le personnage de l'idole que joue Hitomie Nozoe, aux dents abimées, représente le japonais moyen, qui va se représenter par son exubérance, sa part de folie, et surtout son envie de ne pas se plier aux conventions. Ici, c'est dans les multiples représentations qu'elle doit effectuer, une publicité, une apparition à un match de base-ball, elle fait ça sans réel plan de carrière, pourvu qu'elle gagne suffisamment d'argent pour s'amuser, y compris avec des garçons.
Le film n'a pas été un succès au Japon, mais il a quand même une (petite) aura, car il montre aussi un miroir de ce seraient les Japonais, à savoir que leur vie est de la m...., ils ne feront jamais de vagues, et quant à leur temps de cerveau disponible, c'est soit pour boire ou pour consommer, en l'occurrence ici du caramel. Quelque part, ce portrait d'une grande cruauté est un miroir de notre civilisation, où sous couvert de couleurs acidulées, c'est un monde sans pitié, peu importe si nous santé y passe à cause du travail, il faut dépenser. Le film est très visuel, et il y a une idée sonore absolument géniale, que Masumura a piqué à Chaplin, concernant le capitalisme ; la fabrication et la production de caramels est synchronisé à l'image avec un bruit de briquet qui ne s'allume pas, de sorte que ce petit bruit reste en tête même après coup.
Dire que le film a été une surprise, car il est essentiellement vendu par l'image de Hitomie Nozoe en tenue de cosmonaute, pour une publicité, serait un faible mot, car je ne m'attendais pas à quelque chose de si dur. Mais passionnant à la fois.