En fait, les "Gladiateurs" réalisé par Delmer Daves, est la suite du film "la Tunique" réalisé par Henry Koster, en fait quasiment la même année 1953...
La grosse astuce, c'est qu'il y a eu probablement une entente entre les deux cinéastes (orchestrée par la production sûrement) pour faire une vraie suite avec les mêmes acteurs survivants de la "Tunique" à savoir Victor Mature en l'esclave affranchi Demetrius, Michael Rennie en Pierre et Jay Robinson en Caligula. C'est un point très fort de cette suite.
D'ailleurs en pré-générique on voit les dernières images de la "Tunique" avec Richard Burton allant vers son destin.
Ces remarques préliminaires étant dites, on peut dire que "les Gladiateurs" sont quand même assez différents en tonalité notamment. Il y a forcément une présence religieuse plus importante dans "la Tunique" alors que dans "les Gladiateurs", on est plus désormais dans un registre de foi chrétienne ancrée dans la société romaine et en voie d'expansion.
La réalisation de Delmer Daves, grand metteur en scène de westerns ou de films noirs est beaucoup plus nerveuse et fait basculer le film nettement vers le film d'action. D'ailleurs Victor Mature, quelque soit l'opinion qu'on puisse avoir de lui, n'a pas la carrure (intellectuelle …bien sûr) d'un Richard Burton pour faire dans la contemplation métaphysique et l'introspection ; il valait mieux lui trouver un job plus à sa portée.
Et c'est tant mieux car notre Demetrius va se retrouver dans un centre d'entrainement de gladiateurs sous la férule d'un Strabo, dont le nom sonne sinistrement, joué par Ernest Borgnine très à l'aise dans le rôle. Alors, au début, Demetrius, qui est quand même chrétien a un peu de répugnance à se battre puis, quand il s'y met, il devient redoutable.
Le combat où il est seul contre tous
les assassins de la femme qu'il aime
est d'une grande efficacité. Evidemment Delmer Daves à la manœuvre montre son savoir faire.
Evidemment, dans ce péplum, ni plus ni moins que dans les autres, il faut mettre un peu de côté la recherche de la conformité historique et même religieuse de l'histoire et se contenter de regarder le spectacle offert et le jeu des acteurs qui se battent contre un pouvoir injuste ou contre un destin qui semble déjà écrit.
J'ai trouvé que la relation Demetrius - Messaline était nettement plus élaborée et convaincante que celle entre Demetrius et Lucia que j'ai trouvée un peu nunuche.
Par exemple la scène où Demetrius prend les choses en main au temple d'Isis et rejette sa foi chrétienne est très bien montée et jouée.
Susan Hayward en Messaline est très crédible en femme vénéneuse, manipulatrice.
Et je ne peux pas en dire autant de Debra Paget dont le rôle n'a, à mon avis , pas été si travaillé que ça d'un point de vue scénaristique. Et c'est très dommage car j'aime beaucoup cette actrice qui a beaucoup de charme. Elle me parait n'avoir pas été bien mise en valeur ici.
Ce qu'il faut ici c'est remettre le film dans son époque de réalisation où il n'y avait pas les mêmes libertés de manœuvre ni peut-être les mêmes moyens, qu'ont pu connaître un Kubrick dans Spartacus ou un Ridley Scott dans Gladiator. En évitant ce type de comparaison, on se rend compte que les "Gladiateurs " est un péplum qui se défend bien.