Les Glandeurs par Ninesisters
Second film de Kevin Smith, Les Glandeurs ressemble à une relecture de son célèbre Clerks avec un meilleur budget : nous passons de la supérette à un centre commercial, il y a plus de personnages principaux et un vrai scénario, le réalisateur n’a plus besoin de filmer en noir & blanc pour cacher un tournage effectué de nuit (alors que l’action se déroule de jour) ; Jay & Silent Bob – les deux figures emblématiques de l’univers de l’auteur – se livrent même à quelques cascades.
Si l’emballage et les personnages changent, la recette reste par contre la même : ce long-métrage fonctionne avant tout sur ses dialogues, lesquels tournent autour du sexe et des références « geek » de Kevin Smith. Avec le recul, il est impressionnant de constater à quel point son cinéma préfigure bien toute une vague de cinéma référencé, à forte influence comics/SF, avec des titres comme Paul ou Fanboys (dans lequel il fait d’ailleurs une apparition). Un signe qui ne trompe pas, c’est qu’il est un des premiers à employer Stan Lee dans un véritable long-métrage, ici dans son propre rôle.
Malgré un changement dans le duo principal, ici composé de TS et Brodie, nous retrouvons dans celui-ci le même schéma, entre un gentil loser avec tout-de-même suffisamment de bon sens pour savoir qu’il mène une vie merdique, et un obsédé notoire toujours là pour tirer son camarade vers le bas. Sauf que cette fois, ils sont livrés avec des copines, ou du moins des ex qu’ils sont bien décidés à récupérer. Jay et Silent Bob ont quant à eux délaissé leur terrain habituel, mais continuent leurs coupables activités entre deux idées foireuses pour foutre le bordel.
Toutefois, la comparaison avec Clerks – film qui compensait son manque de moyens par ses trouvailles et son humour parfaitement incorrect – fait mal à cette comédie, qui malgré quelques fulgurances comiques et des dialogues globalement bons n’arrive jamais à reproduire le même niveau de drôlerie. Nous touchons plus à la comédie pour ado ou post-ado, légèrement romantique donc moins incisive. Malgré de nombreuses vannes bien crues, Kevin Smith semble déjà s’être assagi, symptôme qui ne fera finalement qu’empirer à chaque nouvelle écriture de script ; alors oui, Dogma est un tacle à la religion souvent hilarant, la séquence finale de Clerks II est absolument stupéfiante, nous voyons les couilles de R2D2 dans Zack & Miri, et il continue à trouver des idées parfois géniales, mais jamais il ne retrouvera le cynisme et le mordant de ses débuts, et Les Glandeurs – même s’il permet de passer un agréable moment – en apporte déjà la première preuve dans sa pourtant jeune carrière.