Quasiment tous les gosses nés dans les années 70-80 ont eu à un moment où à un autre Les Goonies comme film préféré, et ce fut mon cas évidemment...
En même temps, comment ne pas s'identifier à l'un de ces gosses tous plus caricaturaux les uns que les autres, à l'exception du "peut-être un peu plus héros que les autres", à savoir le blond avec un dentier et de l'asthme ? Ce fut mon cas avec ce dernier, même si je n'ai jamais eu de dentier, ni d'asthme...
Et puis vers 10 ans, j'aurais carrément échangé ma Master System contre la carte de Willy le Borgne, et contre cette chasse au trésor, ultime fantasme d'un gamin élevé au biberon de la vague capitaliste des années 80 ! Quoique... J'étais peut-être pas assez courageux pour aller défier les Fratelli...
C'est vrai que cette bande de potes qui m'assénait ses gros mots et remettait la teub d'une statue à l'envers ça me faisait bien marrer à l'époque, que je devais être admiratif du "bagou" du gosse imbuvable attaché à ce surnom, que j'étais moi-même passionné de pièges à systèmes que je semais çà et là dans la maison et le jardin, que l'amateurisme du jeu d'acteur des goonies devait me rappeler mes quelques tentatives infructueuses devant le caméscope de papa, et que ce toboggan aquatique 100 fois plus long que celui de la piscine municipale me faisait rêver...
Peut-être aussi que certains passages me faisaient un peu peur, quoique je me tapais déjà quelques films d'horreur déjà chauds chez le voisin d'en face qui avait au moins 14 ans, un ancêtre... Et puis Sinok, ou devrais-je dire SuperSinok, dont la descente de voile au couteau et au petit gros était probablement le moment le plus culte du film !
Mais voilà, 25 ans ont passé et la limonade n'a pas le goût de la bière, et les décors en carton-pâte piquent désormais les yeux habitués au réalisme formel du cinéma contemporain. Quant aux facilités scénaristiques, je ne les mentionnerai pas pour ne pas avoir à passer une heure de plus sur cette critique... Mais les gaffes surjouées de Choco, les gadgets de Data pas crédibles, les vannes qui tombent régulièrement à l'eau, le scénario linéaire et l'immaturité de l'ensemble, le temps a fait des ravages...
Ceci dit, il y a quand même quelques moments sympas, comme Choco racontant sa vie aux Fratelli sans qui ce film serait d'un ennui certain... Je me rappelle aussi à quel point le dénouement m'avait "défrustré" d'une aventure bredouillante - même si une fois encore les facilités gâchent tout. Et puis il y a quelques bonnes idées, quelques bons mécanismes surtout. Mais c'est à peu près tout. Le film de Richard Donner reste donc un bon souvenir, mais c'est tellement maladroit et inégal qu'il faut vraiment avoir les yeux d'un gosse. Ceux d'un grand enfant ne suffisant plus...