Joey Starr en est déjà à son 18e film et le voilà de retour dans une comédie après Max au côté de Mathilde Seigner ou encore L’amour dure trois ans. Il a aussi partagé l’affiche avec Gérard Depardieu ou encore ému les chaumières avec son rôle de flic/papa à fleur de peau dans Polisse de Maïwenn, récompensé à Cannes. S’il est de retour à Cannes dans la séquence finale du film, c’est pour un festival de musique, double casquette à l’écran donc, de celui qui a mis du temps à se sentir « légitime » dans le cinéma et s’amuse aujourd’hui avec les amis qu’il s’y est fait, dont Manu Payet avec lequel il envahit l’affiche des Gorilles. De son côté, l’acteur et humoriste revient au cinéma après sa première réalisation, Situation amoureuse : c’est compliqué. Les deux hommes n’ont à priori rien à voir et c’est sur ce duo à la buddy movie (opposition de deux figures complètement différentes pour créer un effet comique) que joue Tristan Aurouet, le réalisateur. Dans le film, les deux personnages ressemblent à l’idée qu’on se fait des acteurs dans la vie, même si tout est retravaillé bien entendu, mais Joey Starr, Alfonso, bougonne et cogne, tacle les chanteurs français, dit ce qu’il pense alors que Manu Payet, Walter, parle sans s’arrêter et se permet tout avec son acolyte pourtant susceptible. Un des petits plaisirs du réalisateur d’ailleurs : « dès le début j’ai su que j’allais pouvoir lui faire oser, notamment vis-à-vis de Joey Starr, des choses que peu de gens se permettraient dans la vrai vie ! »*. Au final, son sent que les rôles ont été écrits pour ces deux acteurs.


Une seule réponse : l’humour


La comédie de Tristant Aurouet est sans surprise, mais pas complètement sans saveur. En effet, si les personnages n’évoluent pas vraiment dans le film, l’un ne faisant que s’habituer à l’autre, quelques situations font mouche, on rit parfois même franchement. Côté action, les chorégraphies sont bien menées, même si les situations sont un peu tirées par les cheveux. On est face à un film de mecs dans lequel une chanteuse de variété un peu paumée joue aussi au mec, sans renier sa féminité. Ce personnage féminin aurait pu être un bon contrepoint s’il avait été plus travaillé. L’histoire n’a donc rien d’original, elle emprunte beaucoup à ses grands frères américains et français. Les deux acteurs font le job et semblent même s’amuser un peu. Manu Payet est un acteur, et donc un personnage, attachant qui ne tombe jamais ni dans la méchanceté gratuite, ni dans la vulgarité, même s’il dit des horreurs. En fait, le film propose au départ deux types de réactions face à une situation compliquée : la violence ou la discussion interminable (voire la fuite), mais ça ne marche pas très bien pour chacun des personnages. Au final, Les Gorilles démontre que la meilleure arme des deux entités du duo, c’est l’humour et c’est là qu’ils finissent par se comprendre et se défendre, sans se laisser atteindre.


Vous reprendrez-bien un peu de comédie ?


Bien sûr, la subtilité n’est pas de mise, on ressort sans rien avoir appris de bien nouveau, mais le réalisateur de Narco et de Mineurs 27, prouve qu’il sait réunir des gueules de cinéma pour créer une alchimie inattendue, dommage qu’il ne fasse reposer son film que sur ça, sans proposer ni alternative, ni véritable évolution. On le voit dans les deux apparitions d’invités prestigieux dans le film : Jean Benguigui et Gilles Lellouche, en flic obsédé par la taille de son sexe (et celle des autres par la même occasion). Le film déroule les vannes au kilomètre. Au final, une comédie française de plus qui peut seulement se targuer d’avoir tourné sa scène finale à Cannes, sur le toit du palais des festivals, et d’avoir secouer un peu Joey Starr, mais sans faire bouger son image non plus. Résultat, sa première réplique quand il rencontre Manu Payet et qu’il doit travailler avec lui est : « il m’agace déjà celui-là » et la dernière « ta gueule ». Entre les deux, Aurouet enchaîne les gags et les scènes d’action. Mention tout de même à la lumière du film souvent assez belle. Dans ce monde très codifié des gardes du corps, Aurouet distille un empêcheur de tourner en rond, qui fait foirer toutes les situations avec brio et nous fait oublier le cliché du grand mec baraqué avec son costume noir, ici il faut être un être humain lambda bien que sur-entraîné et rester neutre face aux gens connus. La célébrité brille, mais elle reste à jamais inatteignable. En tout cas, sans en avoir conscience, Joey Starr et Manu Payet viennent de devenir des acteurs attendus. On n’aurait pas forcément parier là-dessus. Faire rire, c’est le seul contrat que s’est fixé Tristan Aurouet et qu’il tient du début à la fin, sans se mettre en danger.
*propos tirés du dossier de presse du film


http://www.cineseries-mag.fr/les-gorilles-un-film-de-tristan-aurouet-critique/

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le 2 avr. 2015

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eloch

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