Un trait : danger. Deux traits : sécurité.
J'aime bien quand un film se charge de prémâcher une critique pour nous.
Car pour donner rapidement un avis sur Les Grandes Bouches, il suffit de reprendre une tirade du film : "ça bouscule pas un train de marchandise".
Il y a plusieurs moyens de le regarder, mais le constat est simple, on en revient toujours là. Si on ne se penche que sur les histoires de braquages, le film est creux, voire complètement nul. Mais vu que ce thème n'est pas le centre de ce long métrage, il n'y pas de raison de s'appesantir sur cette faiblesse (pourtant bien réelle).
Non, ce qui importe ici, c'est tout le reste. Repensez un peu aux dialogues de Pulp Fiction, symboles parfaits de l'art de rendre la digression plus importante que la trame principale. Ici, c'est, semble-t-il, le même genre de motivation qui à poussé à monter ce film. Par contre, par respect pour l'oeuvre de Tarantino, la comparaison doit s'arrêter là. Car que ce soit en terme de classe générale, de maîtrise du rythme, de la pertinence de la référence, de qualité de la réalisation et d'originalité de la narration, on ne retrouve rien de tout cela dans Les Grandes Bouches. Ce qu'on retrouve en revanche, c'est un zeste de franchouillardise (dans l'humour), un sens du bricolage et de l'improvisation qui sait parfois faire mouche, et surtout des dialogues qui descendent en droite ligne d'un Audiard. Et de la réplique culte, il y en a la pelle ici, et c'est finalement ça qui compte.
Alors, bon, si les 15/20 dernières minutes sont franchement mauvaises, le reste se tient pas trop mal et peut apporter des moments de franche rigolade, notamment lors des apparitions d'Elie Sémoun ou de José Garcia. On nous l'a pourtant dit : ça bouscule pas un train de marchandise.