Les Grandes Gueules par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Hector Valentin revient dans les Vosges car il vient d'hériter d'une scierie suite au décès de son père. Celle-ci est à reconstruire presque entièrement vu son énorme état de délabrement. Afin de relancer son entreprise, Hector Valentin fait appel à deux repris de justice auxquels il va offrir sa confiance. Ceux-ci débarquent à la scierie dans l'espoir d'exercer une vengeance dont les causes restent mystérieuses. Quelques autres délinquants sont embauchés en renfort afin de faire prospérer la scierie. Grâce à l'enthousiasme de ces hommes et au dévouement de leur patron, l'entreprise se relève tout doucement. Malheureusement, c'est sans compter sur l'hostilité et la violence de Therraz, un concurrent qui se fait passer pour "l'homme le plus fort de la vallée" et également sur une certaine hostilité des habitants de la ville. La destinée d'Hector Valentin et de ses hommes en voie de rédemption va alors être semée d'embûches.


Le sujet de ce film de Robert Enrico, dont José Giovanni est le scénariste et l'auteur du roman , est toujours autant d'actualité. Il nous décrit de bons villageois se disant "biens pensants" en butte à de nouveaux arrivants au passé certes douteux mais pour la plupart en quête d'un rachat et d'une reconquête de la vie. Malheureusement, la lâcheté et l'opportunisme sont bien souvent l'un des maîtres-mots de notre société et ce film le démontre fort bien en nous décrivant ce "bon peuple" tenu en respect par Therraz, homme cupide et violent et ses sbires. Notre société est ainsi faite, elle n'est pas contre la réinsertion des délinquants à la seule condition... qu'elle se déroule loin de chez elle.


Outre ces considérations, ce film d'un style "western" est une véritable histoire d'hommes et de fraternité. Le fait que cette œuvre a été filmée dans de merveilleux éléments naturels amplifie l'authenticité et la dramaturgie de l'intrigue. Nous avons le privilège d'assister à ce merveilleux face à face entre Bourvil, saisissant d'émotion et démontrant avec ce rôle dramatique les immenses facettes de son talent et Lino Ventura tout aussi émouvant et attachant. Cette rencontre "princière" demeure un grand moment du cinéma français. Quel plaisir de retrouver également Michel Constantin, éternel voyou au cœur tendre et la belle et émouvante Marie Dubois qui nous éblouit par sa sensibilité et son bon sens dans le personnage délicat qu'elle compose. Tous les seconds rôles sont d'une grande crédibilité et la très belle musique "style ** Ennio Morricone** signée François de Roubaix donne au film cet atmosphère saisissant de western à la française.


Cette réalisation compte parmi mes meilleurs souvenirs du cinéma français qui nous oblige à réfléchir sur des côtés injustes et révoltants de notre société.


Je voudrais profiter de ce film réalisé par Robert Enrico pour vous parler d'un merveilleux court-métrage qu'il réalisa en 1961: " LA RIVIERE DU HIBOU ". Ce film raconte l'histoire d'un homme condamné à être pendu . Il parvient à prendre la fuite et à retourner chez lui. Cette aventure n'était qu'un mauvais rêve. Il est scandaleux qu'un tel bijou puisse risquer de tomber dans l'oubli en n'étant pas édité en DVD. Il est vrai que dans le milieu du cinéma, le court-métrage est rarement à l'honneur. Et pourtant...

Grard-Rocher
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Créée

le 6 févr. 2014

Modifiée

le 13 mai 2013

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