Les Grandes gueules confirme ma théorie sur José Giovanni, il est toujours plus intéressant lorsqu’il parle des taulards, qu’il connait bien, que de la pègre, qu’il mythifie toujours un peu lourdement pour camoufler ses connaissances bien peu reluisantes sur le sujet. Ici, bonus suprême, on parle d’une autre spécialité méconnue de l’auteur, le bûcheronnage !
C’est l’histoire de Bourvil qui veut couper des planches dans les Vosges, le problème c’est que la scierie du bas ne voit pas ça d’un bon œil et que tous les moyens lui sont bons pour piquer les lots à abattre ou débaucher ses employés… Heureusement, Lino arrive pour des raisons mystérieuses avec un jeune comparse et trouve la solution miracle : faire bosser des taulards prêts à tout pour leur conditionnelle...
Enrico et Giovanni, ça implique forcément une bonne dose de communauté masculine à la bagarre facile et au code d’honneur à l’ancienne pour les trognes habituelles que sont Michel Constantin, grand habitué de l’auteur, ou encore le monstrueux Jess Hahn, un des plus célèbres ricains du cinéma français…
Si Lino est parfait comme toujours, si Marie Dubois vient apporter une fraîcheur féminine de bon aloi et si Bourvil est définitivement meilleur loin de ces rôles autoritaires de sa fin de carrière, la vraie surprise vient du jeune ami joueur de dés, un certain Jean-Claude Rolland qui est plutôt très bien ce qui surprend dans une génération qui commençait à battre de l’aile et qui disparaîtra prématurément suicidé en prison ce qui explique sans doute pourquoi ses débuts prometteurs n’eurent pas plus de postérité.
Alors c’est maladroit, un peu facile parfois mais c’est quand même une chouette histoire de types qui coupent du bois dans la forêt, avec une scierie à moulin à eau, des tas de moyens originaux pour déplacer les troncs et moi, ça suffit largement à conserver mon attention pendant deux heures tout en regrettant de ne pas avoir droit à la partie la plus intéressante promise par un isolement particulier : l’hivernage.