Les Grandes Gueules par batman1985
A l'affiche, cette fois-ci, un grand classique du cinéma français qui se permet d'avoir comme tête d'affiche Ventura et Bourvil. Deux personnes dont le genre de films est fondamentalement différent. Cependant, le film est un mélange de film d'action avec des moments qui font nettement penser au western (notamment par sa musique et certains plans) tout en conservant une partie d'humour.
A la réalisation, on ne retrouve pas n'importe qui. Un certain Robert Enrico, qui remportera plus tard le César du meilleur film avec Le vieux fusil, chef d'oeuvre du cinéma français. Les grandes gueules n'a rien a envié. Réalisation parfaite d'Enrico, dont on sent qu'il connaît sur le bout des doigts son métier. Ainsi, on a droit à de plans superbes de ces arbres qui tombent ou encore à des plans d'ensemble de la région des Vosges.
Ensuite, il y a le sujet abordé. Tout d'abord, il y a le fait que le personnage joué par Lino Ventura se joue, profite d'Hector (Bourvil) afin d'assouvir une vengeance. Ensuite, l'autre thème principal est bel et bien celui de la réinsertion sociale des prisonniers. Des hommes qui doivent subir la méfiance des gens (et parfois à juste titre, certains des personnages joués dans le film sont loins d'être des enfants de choeur!), les moqueries des gens, d'être pour la plupart rejeté d'une société qui les considère comme une plaie alors que c'est celle-ci qui généralement (mais pas toujours!) crée les gens de cet espèce. Des êtres mis à l'écart qui peuvent voir en Hector, une chance de retrouver une sorte d'honneur même si des conflits se créent. Ainsi, on assiste à des adieux déchirants avec Hector.
Ce dernier, qui fait tout pour résister à son rival, finira par craquer et par tenter de se suicider. Il sera sauvé par Ventura et décideront de mener une nouvelle vie.
Côté casting, Bourvil prouve nettement l'étendue de son talent. Preuve qu'il sait faire autre chose que des rôles de comique. Lino Ventura est égal à lui-même, gigantesque, une sorte d'acteurs français que ceux-ci ne sont pas près de revoir, avec une gueule et un charisme qui doit faire envier pas mal de monde. Enfin, petit mot pour Jean-Claude Rolland, le compère de Ventura dans le film, qui montra quelque chose d'intéressant et qui pouvait espérer faire une bonne carrière dans le cinéma. Il se suicidera un peu plus d'un an après le film. Ironie du sort, son personnage est le seul à mourir dans Les grandes gueules...
Enrico signe un chef-d'oeuvre, un film qui figure parmi les classiques du cinéma français et qu'il serait regrettable de louper!