Il est un âge, à l'adolescence plus précisément, où Jeanne a le cul entre deux chaises.
Elle est suffisamment âgée pour avoir des rapports sexuels mais elle reste sous la coupe de son père.
Elle cherche à s'affranchir des bleu ciel-blancs et tons pastels mais avec la mollesse et l'innocence d'une colombe.
Je suis très sensible aux films sur l'adolescence et je dois avouer que c'est un thème de prédilection chez moi.
C'est pourquoi j'ai regardé ce film avec une attention scrutatrice.
Qu'est-ce qu'une grande personne ?
Qu'est-ce qu'une grande personne pour Jeanne qui a un père doux rêveur, chercheur de trésor en kayak ?
L'opportunité d'une tromperie ou d'une duperie sur les dates de location va faire se côtoyer ce que Jeanne ne devait jamais voir : une grande personne. Une équivalence de mère-copine. Une grande personne mais pas assez pour que Jeanne soit ni considérée comme une enfant ni qu'il y est un rapport de responsabilité.
De son côté, cette grande personne cherche l'amour qui ne vient pas et revit au travers de Jeanne la poussée du désir et des opportunités.
Quand on est une grande personne, les opportunités se laissent désirer. Il faut aller les chercher.
Quand on est Jeanne, c'est nouveau et imprévu, en même temps elle était un peu au courant.
Cette scène de colonie de vacances sur l'île, entouré de pairs à l'adolescence toute aussi "pâquerette", est le climax de l'histoire de Jeanne en Suède, une histoire qui la conduira à l'immobilisme mais aussi à l'expérience. Elle a découvert un peu plus loin, elle a repoussé ses limites avec un gentil garçon qu'elle ne reverra jamais, avec la considération en fond que l'acte sexuel :
1° C'est être assez responsable pour faire confiance aux autres
Papa Albert ne fait pas confiance à sa fifille chapeautée. Il fait parti de ces pères qui, légitimement ici, s'inquiète au point d'être culpabilisateur.
2° C'est être assez mature pour offrir son corps et se procurer sa dose de désillusion.
La vie de Jeanne la Pucelle quitte les tons pastels pour se vêtir de couleurs printanières, plus chaudes comme les coquelicots, plus bourgeonnantes aussi. Un joli contraste dans ce pays d'yeux bleus et aux blondeurs enfantines.
Ainsi posés, les éléments de ce film nous paraissent mignons. Quand j'ai à faire à quelque chose de mignon - et je suis exigeant en terme de mignon ! - j'ai une aiguille à l'intérieur de mon crâne qui tape à répétition contre le verre d'un cadran. L'aiguille fait titititi. "Les Grandes Personnes" est assez titititi par moment. Demoustier est très titititi. Nul doute qu'il s'est instauré entre elle et la jeune réalisatrice une complicité toute aussi titititi. Pour cela, le film ne tombe jamais dans la mièvrerie. Mais jamais dans la grâce non plus.
Au contraire, le mignon, le léger ne suffit pas. L'histoire, dans son développement, avec les éléments que j'ai évoqués, se révèle simpliste et inconsistante. Anna Novion, dans sa volonté de faire carrière sur du scoutisme touristique, propose une oeuvre blafarde sans de réel trésor, un film qui se laisserait plutôt être regardé d'un oeil, et en coin.