Les Grandes Personnes par Rawi
Cette comédie douce-amère, sorte de parcours initiatique,
est le premier long métrage de la réalisatrice Française Anna Novion, qui a déjà trois courts à son actif. Ils forment quelque peu les prémices aux {Grandes personnes}. Ce dernier est un huis clos (au figuré) dans le quel la réalisatrice envoie ses personnages, français, se confronter à eux-mêmes lors de vacances en Suède. Ils ne peuvent communiquer qu'entre eux et avec Annika, leur logeuse, une Suédoise exilée un temps à Paris et cela les isole, d'une certaine manière, du reste de l'humanité. La Suède, un pays qu'elle connaît bien, puisque sa mère y est née, lui sert à montrer des individus qui n'ont plus aucun repère, dans un milieu qui leur est complètement étranger de par la langue, les coutumes et la culture, elle livre une œuvre à la fois drôle et émouvante, qui montre la passion de la cinéaste pour cet environnement. Le décalage entre le sérieux d'Albert, son sens aigu des responsabilités et la quête qu'il mène dans ce village Scandinave provoque quelques moments cocasses. Il est en effet à la recherche d'un trésor Viking légendaire armé d'un détecteur de métaux et d'un recueil de poésies. Cela entame sa crédibilité mais fait ressortir l'humanité de ce père aimant mais maladroit. Son oeuvre est nourrie à l’atmosphère particulière que les paysages périphériques, sauvages et déchirés, créent, diminuant la place de l'Homme par rapport à l'immensité naturelle. Anna Novion, visiblement inspirée par la lumière de ce pays qu'elle filme avec beaucoup de tendresse, nous offre des images à l’éclairage froid, bleuâtre et blanchâtre, toujours soigné.
Jean-Pierre Daroussin, père merveille, campe magnifiquement un personnage dirigiste, cultivé, raffiné et très enfantin. Face à lui, Anaïs
Demoustier (déjà très remarquée dans {Année suivante} d'Isabelle Czajka au côté d’Ariane Ascaride) interprète avec justesse une adolescente qui souffre en silence de l'absence de sa mère. Cerise sur le gâteau, le retour sur grand écran de la discrète Judith Henry dans un très beau rôle de femme amoureuse tel qu'on aimerait en voir plus souvent.