Voilà certainement un de mes de Funès préférés alors qu'il est globalement mal aimé et durement jugé. En dépit de quelques relâchements pointés ici ou là, notamment sur la fin, Les Grandes Vacances est pourtant une formidable avalanche de gags, de situations et de trouvailles qui en font un must. Contrairement à de nombreux autres succès, il ne s’agit pas ici d’une adaptation théâtrale (même si je n’ai rien contre celles-ci), ce qui confère à l’ensemble un rythme plus équilibré entre les bons mots et l’action. Dans la lignée du Gendarme à Saint-Tropez, on retrouve en filigrane le choc des générations, ce qui donne lieu à de savoureux moments qui ne sont pas que du pur vaudeville.
Si cela paraît parfois simple, sinon facile, les gags sont bien trouvés et efficaces. Le comique de répétition bat son plein (le fameux « Allez-vous coucher » à la bonne), le comique de situation est au rendez-vous (les quiproquos autour du fils remplacé par un ami), le comique de caractère (de Funès en patriarche ayant réussi face à ses enfants qui ne pensent qu’à s’amuser), le comique de mots (les « saligauds » à tout bout de champ), le comique de geste (moins marqué ici mais plus efficace du coup). Tout cela est empaqueté dans un rythme effréné mais pas trop tourbillonnant non plus, les scènes de poursuite alternant les scènes de dialogues. Autour de Louis de Funès, tous les acteurs (surtout les adultes) sont au diapason, à commencer par Claude Gensac qui, pour la première fois, joue son épouse dans un film (« Massez-moi », « C’est pas vous ! »).
Les scènes cultes s’enchaînent les unes après les autres et on se régale de constater que c’est également dans ce film-là qu’on trouve telle ou telle situation hilarante (de Funès avec ses habits trop grands de marin, assis à côté d’un dogue de Bordeaux, balbutiant quelques mots à peine audibles ; de Funès déchargeant le charbon à cent à l’heure ; Mario David pris par mégarde, à plusieurs reprises, pour le fils de de Funès, etc.). Tout cela sous le soleil et dans une ambiance des sixties qui achève de placer l’ensemble sous le signe de la bonne humeur. Évidemment ce n'est pas du grand cinéma, mais c'est du cinéma populaire de qualité porté par un acteur étourdissant qui fourmillait d'idées et de trouvailles dans une période qui est certainement sa meilleure.