La première trilogie de Il Etait une Fois en Chine de Tsui Hark est sortie, et Wong Jing se dit qu’il est temps de commencer à faire du pognon sur cette licence en faisant lui aussi un film sur le personnage de Wong Fei-Hung, toujours interprété par Jet Li. Sauf qu’ici, il s’agirait d’une sorte de spin off parodique dans lequel Wong Jing injecterait un gag toutes les 10 secondes, jusqu’à épuisement du spectateur qui ne serait pas sensible à l’humour cantonais, et plus particulièrement à celui bien lourdingue du réalisateur. Il s’agit également du début d’une belle collaboration entre Wong Jing, producteur, et Jet Li puisqu’ils signeront par la suite Kung Fu Cult Master (1993), The New Legend of Shaolin (1994), My Father is a Hero (1995), High Risk (1995), Dr Wai (1996) ou encore Hitman (1998). Mais il s’agit surtout d’un divertissement très fun aux scènes d’action réussies, du moins pour quiconque support l’humour de Wong Jing et les combats câblés.


Réalisé, écrit et produit par Wong Jing, via sa maison de production Win’s Movie Productions, on retrouve donc ici forcément la patte du bonhomme en termes d’humour, même s’il est ici malgré tout bien plus sage que dans certaines de ses pires comédies en termes de gags débiles versant dans le scato. Ici, pas de vomi, pas de pipi, pas de caca non plus, mais de très nombreux gags visuels, des personnages improbables et des acteurs qui semblent s’amuser comme des petits fous. Wong Jing n’hésite pas à parfois mettre Jet Li en retrait pour laisser vivre ses nombreux personnages secondaires. C’est certain, ce n’est que rarement fin – en même temps on sait à quoi s’attendre lorsqu’on se lance dans une comédie / parodie de Wong Jing – tous les gags (ils sont très nombreux) ne fonctionnent pas, mais impossible de résister à certaines caboches ou à certaines conneries plus grosses que le réalisateur lui-même. Il faut dire que faire héberger Wong Fei-Hung, suite à des déboires avec son hôpital/école, proche de l’établissement d’un proxénète rempli de jeunes femmes trouvant Wong Fei-Hung très charmant, c’était un terrain de jeu parfait pour Wong Jing et son humour. Il sera également assez facile de trouver les nombreuses références à la première trilogie Il Etait une Fois en Chine avec les films originaux qui sont parfois gentiment tournés en dérision. Tsui Hark et Wong Jing n’étaient apparemment pas en bons termes alors ce dernier s’en est donné à cœur joie, le premier affront étant clairement l’emploi de Jet Li pour reprendre son rôle, ce dernier ayant lui aussi eu des différends avec Hark. On y retrouve d’ailleurs le même style visuel et le thème de Wong Fei-Hung est utilisé à plusieurs reprises, dont une version détournée par des prostituées.


Les scènes d’action sont de manière générale très bonnes. Bien qu’il y ait toujours un peu (beaucoup ?) d’accélérations pour leur donner plus de punch ou de ralentis pour permettre d’admirer certains mouvements, c’est du très bon avec un Yuen Woo-Ping aux commandes qui va une fois de plus faire preuve d’une réelle inventivité dans les chorégraphies et l’utilisation de certains éléments du décor (par exemple le combat sur, enfin sous, le pont suspendu). Certains affrontements retiennent réellement l’attention par leur maitrise, à l’instar de ce combat final entre Gordon Liu et Jet Li dans lequel ce dernier utilise la danse de l’homme saoul ou celui entre Liu et Leung Kar-Yan dans l’auberge. C’est la même chose lors des danses du lion, en particulier une assez dantesque, aussi bien dans la maitrise que dans le n’importe quoi dans lequel elle vire, avec un mille-pattes cracheur de feu qui va venir attaquer les lions avec de nombreux couteaux tranchants et qui sera au final abattu par un Jet Li en costume de coq (oui oui) aux griffes très bien aiguisées. Dit comme ça, cela peut sembler très étrange, mais il faut le voir pour le croire, c’est parfaitement dans le ton du film, et c’est surtout une scène qui reste longtemps en tête, pour le meilleur (si vous aimez le délire) ou pour le pire (si vous trouvez ça ridicule). On pourra regretter une longueur excessive, 1h50, surtout pour un film qui n’a au final que peu d’intrigue principale et des intrigues secondaires qui ne vont parfois nulle part, avec par exemple des scènes émotionnelles un poil embarrassantes. Mais Wong Jing réalise une plutôt bonne comédie aux très bonnes scènes d’action. A vous de voir si vous voulez voir le personnage de Wong Fei-Hung tourné en dérision, mais quoi qu’il en soit, il faut avouer que cela fonctionne.


En parodiant la première trilogie Il Était une Fois en Chine après leurs brouilles avec Tsui Hark, Wong Jing et Jet Li livrent avec Last Hero in China un divertissement efficace où les très bonnes scènes d’action vont côtoyer une avalanche de gags. Souvent crétin mais très fun !


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-last-hero-in-china-de-wong-jing-1993/

cherycok
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il y a 6 jours

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