Les gros bras par Alligator
Petite comédie très étrange et non dénuée de toutes petites parcelles de curiositiés. Qu'est-ce qu'il dit? Ben il dit a priori que le film n'est pas à jeter aux orties tout du moins. Alors que je m'attendais à une comédie lourdingue, genre vaudeville mal foutu, garni de gags éculés et de comédiens au jeu ringard ou/et approximatif, alors que je m'attendais à un gros nanar, je me retrouve avec sur la rétine un petit nanar, je me retrouve avec quelques pincées de sel là où le fade devait régner. Entendons-nous bien : le film est bel et bien mauvais mais quelques éléments ici et là viennent aimablement troubler la douce quiétude avec laquelle les certitudes nous enveloppent.
J'ai d'abord des dialogues parfois qui sonnent Audiard, qui tombent juste, qui font sourire. Certes, ce n'est pas tout le temps, mais ça arrive, ça surprend et ça atteint son but. Plaisir.
J'ai ensuite Darry Cowl dans son numéro de dépravé avide de gain pour payer ses dettes de jeu, un Darry Cowl, clown qui fait son numéro, de hâbleur raté, de bafouilleur psychopathe, petit prince, dans son monde à part. Caresse.
J'ai encore une Patricia Viterbo que je ne connaissais pas. Qui joue maladroitement pour rester poli. Mais qui fait bouillir mes hormones mâles zétérozexuelles... hmmmm... Le style bourgeoise 60's, française, Christian Dior à qui l'envie de dégrapher le tailleur me prend la libido en otage de mes sens enfiévrés. Grouarrrrr... Désir.
Et j'ai peut-être aussi, dans le fond, le plaisir nostalgique de revoir Daniel Ceccaldi, une gueule, une voix surtout du cinéma français de la deuxième moitié du XXe, une entité populaire, une tête qui dit quelque chose, une voix qui rappelle vaguement un film ou un téléfilm. Personnellement, cela va bien au-delà de ça, Ceccaldi est un acteur attachant au parcours désaccordé, entre Michel Lang et Pascal Thomas, mais c'est un jeu sûr, net, un honnête pro, un talent qui passe inaperçu, injustement. Un faire-valoir de première classe. Une sorte de grand-oncle qu'on n'oublie pas. J'adore Daniel Ceccaldi. Paix à son âme.
Quel dommage donc que ce film soit plombé par un scénario des plus affligeants de nullité. Alors loin d'assister à un bon film, on met un voile sur nos ambitions et on s'en remet à ces petits éléments disparates pour prendre par ici ou là sa part de plaisir. Coupable, votre honneur.