De ce jour, je me mis à étudier intensément la stratégie

Dans l’après 1968, il y eut comme une pose. Contrairement à ce que prétendent certains aujourd’hui, le système avait pris une sérieuse claque. Le consumérisme béat des années 60 et son aspiration à une vie de petits bourgeois repus et décervelés avaient subitement cessé de faire illusion et d’être attractif pour une grande part de la jeunesse de l’époque.
La domination spectaculaire-marchande lâcha donc du leste et pendant quelques brèves années, il y eut comme un courant d’air frais. L’espace était plus ouvert, la pression moins forte et la notion de liberté sembla reprendre quelque signification. Et puis les campagnes étaient encore belles et avenantes et n’avaient pas encore été totalement ravagées par l’industrie agro-alimentaire et les zones pavillonnaires. Les villes offraient encore quelques promesses de rencontre, de jeu et de partage de l’espace public. Bien sûr, il fallait aussi trouver quelque moyen de « gagner » sa vie mais lâcher un boulot et en trouver un autre ultérieurement ne posaient pas vraiment de problème ; et le gouvernement était même prêt à payer les chômeurs pour qu’ils se tiennent tranquilles. Existait aussi alors la conscience que pour que la rue soit à nous, il suffisait de s’en emparer.
Puis un beau jour arriva au cinéma, comme incidemment « Who’ll stop the rain » (Guerriers de l’enfer) et fort étrangement, de ce jour, il fallut bien conclure que la fête était terminée.
La domination avait rebattu les cartes et l’ignominie du « marché » reprit ses droits.
Le chacun pour soi devenait la règle, le règne de l’argent s’affirmait comme unique horizon, la pourriture marchande repoussait l’homme hors de l’histoire.
La dynamique de la musique de Creedence Clearwater Revival ne suffisait plus et Nick Nolte à qui, pourtant, l’on s’identifiait pleinement, ne faisait décidément pas assez peur à ses ennemis. De ce jour, je me mis à étudier intensément la stratégie.
« Les guerriers de l’enfer » est un film tout à fait inoubliable.

Créée

le 31 déc. 2013

Critique lue 659 fois

18 j'aime

7 commentaires

steka

Écrit par

Critique lue 659 fois

18
7

D'autres avis sur Les Guerriers de l'enfer

Les Guerriers de l'enfer
steka
8

De ce jour, je me mis à étudier intensément la stratégie

Dans l’après 1968, il y eut comme une pose. Contrairement à ce que prétendent certains aujourd’hui, le système avait pris une sérieuse claque. Le consumérisme béat des années 60 et son aspiration à...

le 31 déc. 2013

18 j'aime

7

Les Guerriers de l'enfer
Ilya_Personne
7

Fin de partie

Le livre de Robert Stone "Dog Soldiers", traduit en français sous le titre "Les Guerriers de l'enfer" a été écrit et publié, une année avant la fin de l'une guerres les plus iniques et sanglantes de...

le 26 juil. 2017

5 j'aime

Les Guerriers de l'enfer
Boubakar
7

Fuite en avant

A la fin de la guerre du Vietnam, un journaliste confie à un Marine trois kilos d'héroïne afin qu'il les ramène en Californie à son épouse sans crainte d'être repéré par les stups. Et manque de pot,...

le 1 déc. 2022

4 j'aime

Du même critique

La Société du Spectacle
steka
10

Du Devenir marchandise

Lire « La société du spectacle » n'est pas chose aisée. Non pas que ce livre soit particulièrement difficile en lui-même, mais parce que cette difficulté tient à la nature même de son objet. En...

le 26 nov. 2011

96 j'aime

17

Le Prince
steka
9

Machiavélique ?

"Je prétends que ceux qui condamnent les troubles advenus entre les nobles et la plèbe blâment ce qui fut la cause première de la liberté de Rome : ils accordent plus d’importance aux rumeurs et aux...

le 2 déc. 2011

84 j'aime

30

Discours de la servitude volontaire
steka
10

De notre servitude volontaire

Ce livre fut écrit il y a cinq siècles. Pourtant, chez tous ceux pour qui le mot Liberté a encore du sens et qui accessoirement savent lire, son actualité s'impose cruellement. Car si la domination a...

le 27 nov. 2011

66 j'aime

2