A la fin de la guerre du Vietnam, un journaliste confie à un Marine trois kilos d'héroïne afin qu'il les ramène en Californie à son épouse sans crainte d'être repéré par les stups. Et manque de pot, c'est ce qui va arriver...
Les guerriers de l'enfer est ce qu'on appelle un film à combustion lente, c'est-à-dire qu'il se mérite au fur et à mesure du récit, parce qu'au départ, c'est assez confus, mais dès que ça va se recentrer sur les personnages du Marine joué par Nick Nolte et la femme de son ami journaliste incarnée par Tuesday Weld, cela va devenir de plus en plus intéressant. Jusqu'à reprendre, alors que ça n'est pas du tout le propos, une guérilla dans la cambrousse Californienne un peu comme dans le premier Rambo. Car si le film ne l'évoque jamais directement, il est centré sur les troubles psychiques du personnage de Nolte, qui souffre vraisemblablement du syndrome de stress post-traumatique, ce qui arrivait aux soldats revenus du Vietnam désillusionnés et cyniques vis-à-vis de l'Amérique.
Du coup, la relation en sourdine entre lui et Tuesday Weld a quelque chose de touchant, car elle aussi désire s'émanciper de la vie morne de son mari, incarné avec raison par le pâlot Michael Moriarty, car elle sent qu'être avec Nick Nolte est non seulement un moyen de tourner le dos au consumérisme, à une vie bien rangée, mais aussi épouser un mode de vie proche des beatniks.
Le film est très bien mis en scène, avec une belle photo où les contrées désertiques sont montrées telles une menace, pour finir au fond sur quelque chose de fort, un des premiers qui parle de la souffrance des soldats revenus de l'enfer, et qui sont en Amérique pour en vivre un autre. D'où le fait que le sujet, en plus du titre américain passe-partout, va rebuter une partie du public, car ça n'est clairement pas de l'action à tout va, mais quelque chose de plus profond.
Et cela constitue à mes yeux une autre réussite pour le réalisateur Karel Reisz, trois ans après le formidable Le flambeur.