Comment résumer l'histoire des Harkis en 82 minutes seulement, c'est le défi que Philippe Faucon relève avec une sobriété et une efficacité certaines, bien que la frustration puisse éclore, eu égard au potentiel d'un tel sujet, qui n'avait jamais été traité de façon centrale par les cinémas français ou algérien. Pourtant, de la motivation de ces jeunes algériens à combattre au côté de l'armée française jusqu'à leur abandon par la Métropole, à la fin de la guerre, avec les conséquences tragiques pour ces hommes et leurs familles qui ont opté pour le "mauvais" camp, en tous cas pas celui des vainqueurs, le film dit l'essentiel avec une rigueur historique inattaquable. Dans son style épuré, qui va à l'essentiel, en faisant preuve de pédagogie et non de didactisme, Philippe Faucon parvient à encapsuler les dilemmes de l'époque, sans forcer le trait et en réduisant le volume de dialogues. L'aspect humain reste primordial même si on aurait aimé plus de développement concernant deux ou trois cas particuliers. Les Harkis n'étaient ni des héros ni des lâches, seulement des individus qui ont pensé faire le bon choix avant de se rendre compte qu'une fois le combat perdu, ils seraient livres à eux-mêmes, pour la plupart, et susceptibles d'y laisser leur vie, dans des représailles sanglantes. Avec sa concision et son honnêteté, Les Harkis est une leçon d'histoire qui, en d'autres temps, que les plus jeunes n'ont pas connu, aurait eu toute sa place en préambule d'un débat des célèbres Dossiers de l'écran.