Un corps décharné où se gravent de façon indélébile des envies d'espoir, le regard halluciné de révolte et d'incompréhension de la première scène uppercut, celui presque apaisé de la scène finale : "Les héroïques" est un film charnel. Le corps, les visages, les mains y sont filmés avec une grande tendresse à laquelle s'oppose le phrasé souvent brutal de Michel. Michel, qui va tenter de grandir un peu tout au long du film comme on le lui assigne régulièrement. Grandir pour devenir un autre père que le sien, grandir pour éloigner le chaos et les démons d'une enfance meurtrie, grandir pour finalement donner sa place à la vie. La justesse de jeu ( le père et le fils Créton sont remarquables) est portée par un choix plus que pertinent de morceaux musicaux qui donnent au film un rythme et une humanité magnifique.