Les héros fatigués en question sont des aventuriers qui, dix ans après la seconde guerre mondial à laquelle ils ont pris part, plus ou moins dignement, se retrouvent, désabusés et épuisés, au coeur d'un pays d'Afrique. Quasiment le bout du monde.
Yves Ciampi a d'abord le mérite, à partir du décor presque unique d'un hôtel insalubre, de rendre réaliste l'atmosphère tropicale qui étouffe les personnages. Au centre de l'action, Yves Montand et Curd Jürgens s'opposent à propos d'un vol; de diamants commis par le premier, avant de fraterniser, parce que ces deux anciens pilotes d'avion de guerre, adversaires dix ans auparavant, ont néanmoins les mêmes valeurs et aussi le même désir de s'extirper de leur existence médiocre. Cette amitié qui ne va pas forcémént de soi est une véritable parabole de la réconciliation franco-allemande, ce dont on ne peut douter avec l'allégorie du dernier plan où les deux "héros" regardent dans la même direction.
Pour en revenir à l'intrigue, son efficacité tient moins à ses quelques rebondissements convenus qu'à la vérité humaine des protagonistes, qu'à la description d'une communauté étriquée et glauque dans laquelle ces hommes et ces femmes venus d'un peu partout agglomèrent leur individualisme.