Churchill. L'homme au cigare, encore ? De la sang, de la sueur et des larmes. A nouveau ? Quelques mois seulement après le film de Jonathan Teplitzky, Joe Wright rembobine l'histoire de la seconde guerre mondiale, vue côté britannique, avec l'arrivée au pouvoir du vieux lion, en mai 1940. Même si Churchill est au centre de tout, Les heures sombres n'est cependant pas qu'un biopic mais se veut fresque nationale, à l'un des pires moments du XXe siècle quand l'Angleterre reste seule face à l'ennemi. Avec quelques excès emphatiques liés au genre, mais aussi une vraie solidité narrative. La mise en scène de Joe Wright s'autorise quelques coquetteries de style (ralentis, vues aériennes, par exemple), pas vraiment utiles, mais qui concourent à pousser Les heures sombres vers le film d'action et de suspense alors qu'il est surtout composé de discours et de dialogues. C'était un pari, plutôt réussi, dans une grande tradition britannique qui remonte aux films de guerre tournés en plein conflit. Le personnage de Churchill aurait certes pu être plus nuancé mais le légendaire humour et la mauvaise humeur cyclique du personnage, de même que sa puissante relation avec sa femme (excellente Kristin Scott Thomas) y figurent. Et la scène du métro (fictive ?) est un moment diaboliquement efficace et émouvant. Quant à la prestation de Gary Oldman, au nom prédestiné, elle est simplement ébouriffante.