L’Histoire porte les Hommes. Et certains Hommes portent l’Histoire. C’est le cas de Winston Churchill. Inutile de présenter l’homme au cigare. Ce n’est d’ailleurs pas le sujet du film. Car tout le génie de Joe Wright, dans cette œuvre à la mise en scène léchée, c’est de nous présenter le moment ou un Homme a cessé de s’appartenir pour se donner à plus grand que lui. Le moment ou un Homme a choisi, seul contre tous, de suivre ce qu’il croyait être le meilleur pour une nation. Sa nation. Le moment ou Winston est devenu Churchill.
La vie d’un Homme est ponctuée de crises, de moments ou il faut choisir. Toute la question, dans de tels moments, est alors de choisir entre la loyauté ou la raison. En 1940, alors que la débâcle des armées françaises et britanniques était actée, la raison imposait la paix. La loyauté : la guerre. Ce fut un combat rude, épique, entre des Hommes -Churchill et Halifax notamment- mais aussi un combat entre Churchill et Churchill. La loyauté est à la fois une bataille contre les autres mais aussi une lutte contre soi-même. A qui doit-on rester loyal ? Pourquoi ? Churchill choisira le Royaume Uni et son Empire. Il choisira la guerre au risque de tout perdre. Il choisira la solitude. Il choisira l’Histoire. Il sera loyal.
Le trublion au chapeau rond fut un Homme bien seul. Un Homme qui porte l’Histoire est souvent seul. Mais dans sa solitude, il put compter sur une autre loyauté : celle de sa femme, Clémentine Churchill. Derrière les grands hommes, il y a bien souvent de grandes femmes. Celles qui dans l’ombre ravivent l’espoir. Celles qui par Amour s’effacent, celles qui par loyauté se donnent. Dans les heures sombres brille la lumière des femmes.
Quand l’Histoire se présente à nous le choix de la loyauté est le plus dangereux. La loyauté n’a pas de nuance : elle fait basculer un être dans les ténèbres ou dans la lumière. Être loyal c’est être seul. Souvent. Toujours. Mais un seul être loyal peut suffire à redonner vie à tout un pays, à toute une nation ou à un seul Homme. C’est un sacrifice. Et les heures sombres sonnent l’heure de la loyauté.