Imaginer W. Churchill descendre dans le métro, prendre conseil du premier péquin venu et s'émouvoir de la résilience d'une petite fille et de l'érudition d'un jeune noir, voilà bien une vision profondément viciée de bien-pensance que seul peut avoir un réalisateur contemporain .
Sa volonté de véracité historique se heurte à une compromission pour la mode actuelle visant à revisiter l'état d'esprit contextuel de nombreux pans d'histoire, et oublie que Churchill, à l'instar de De Gaulle, furent avant tout des hommes d'état du 20ème, biberonés à l'instruction pré-baby boom.
Non, ces Grands de l'Histoire ne considéraient pas une émouvante empathie pour le peuple, oui, dès leur plus jeune âge et dans un environnement familial privilégié, ils s'aguerrissaient à l'exercice du pouvoir, au gout du service de l'état et, mot qui semble devenu obscène, de la Nation.
Il fut de bon ton de le remémorer.
Par ailleurs, une caméra virevoltante et un montage trop haché atténuent la gravité de ces heures au profit d'un sentimentalisme fade alourdi par une musique dispensable mais omniprésente (dès la première scène). Dommage pour les acteurs dont un Gary Oldman formidable et très à l'aise avec les "bons mots" de Churchill.
Bref, me voilà devant le portrait façon Twitter d'un homme qui a, pourtant, changé la face du monde.