Citation de Victor Hugo
Les Hirondelles de Kaboul... des oiseaux qui peuvent voler ou bon leur semble, mais qui, au lieu de fuir loin des horreurs, reste en haut, malgré les conflits car elles représentes l’âme de cette ville pourtant ravagée par les conflits. Certains pourraient dire que ces oiseaux symboles ici de liberté servent à la comparaison avec les femmes, finalement premières opprimées du régime totalitaire musulman, quand à moi j'ai plus tendance à penser que ces oiseaux représentent les gens en soif de liberté à qui le film offre deux choix: s'enfuir pour un monde meilleur ou se battre pour modifier celui que l'on nous offre. Conflit idéologique qui va d'ailleurs être au cœur du film.
Le film s'ouvre sur des plans d'une ville à peu près normale, avec cependant à chaque fois un détail qui cloche, notamment les hommes armées qui se baladent un peut partout, notamment un groupe de barbares qui tirant dans les aires, tuent une hirondelle (le symbole juste avant) juste avant la première apparition de Zunaira ou on la voit dessiner avec une musique étrangère sans bourka. Ce qui nous montre très clairement que le monde qui l'entour va punir son envie de liberté et que le malheur l'attend.
On peut également tiré deux choses de cette introduction qui vont se révéler centrales par la suites. D'abord la position des enfants dans le conflit. On voit les écoles détruites, puis des enfants se balader autour des soldats, escalader un char (ce qui va déjà créer un certain malaise) puis....lapider une femme ?!?!! Même cette escalade de la violence ne nous préparait pas à ça. C'était horrible, inattendu mais surtout parfaitement démonstrateur et osé. Cela nous amène au deuxième point: la haine entraîne la haine. Cette thématique est très bien montré avec Atiq qui reprend le discours misogyne de son chef ou justement avec les enfants. C'est ce même climat d'horreur ambiant qui va conduire Mohsen à lancer une pierre.
C'est aussi dès le début du film qu'on va retrouver les schémas des couples Atiq/Mussarat qui sans non plus approuvés les pratiques barbares, ne font rien et Mohsen/Zunaira qui véhiculent l'idée que l'amour et l'espoir c'est gagner la guerre sans commencer la guerre. Leurs évolutions est aussi opposées. Là ou Zunaira et son mari vont combattre l'ennemi invisible ("Avant, c'était les russes les ennemis, maintenant je ne sais pas") de face (en se montrant publiquement) et vont donc subir une descente aux enfers, Atiq va réfléchir dans l'ombre à l'avenir de son pays, et finir par se battre jusqu'à sa mort car vivre à battement d'aile c'est parfois mourir. Il s'est battu pour sauver Zunaira car c'est elle qui permettra à la jeunesse de créer un monde meilleur.
-Ton visage est la seul chose qui me reste
-Le soleil ne résiste à la nuit
Le film n'hésite pas non plus à faire une critique de la place de la religion dans la société, On y voit des prières obligées, des gens qui sont au final dégoutés de la foi et même la contradiction vis à vis du rôle des femmes: "Elles sont les premières à se remettre à dieu alors que c'est lui qui est à l'origine de tous leurs malheurs".
Les Hirondelles de Kaboul dispose également d'une bonne animation qui fait un peu aquarelle. Et d'une réalisation intelligente qui va essayer de nous peindre un portrait. C'est simple avec quasiment chaque arrêt sur image on pourrait faire un tableau qui représente l’Afghanistan. Elle demande aussi au spectateur une certaine attention au détail avec par exemple le coup des chaussure à la fin. Il y a aussi ce plan avec le cinéma avant/après qui montre la mort de la culture à cause de la guerre et des inégalités.
Sans être aussi bon que Parvana, une enfance en Afghanistan il faut reconnaître un certain travail et une certaine maîtrise du sujet. Une œuvre aussi sympathique que profonde que je recommande
“On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des
ailes.”
Proverbe Juif (Finir sa critique sur un film qui se passe en Afghanistan par un proverbe juif)