Plus rares chez les pompiers, la présence d’une femme bouscule les équilibres sociaux d’une caserne, surtout après l’erreur de terrain qu’elle vient de commettre. Un ado maltraité, tenté par une pyromanie exutoire, un mari excédé par l’absence répétée de sa conjointe, une jeune fille qui pourrait mal tourner du fait de celle de son père… Tous ces petits enjeux, classiques, presque naïfs, servent de trame vivante à cette docu-fiction sur le quotidien d’une compagnie de pompiers dans le sud de la France.
Ce bon petit film français qui ne paye pas de mine se révèle pourtant touchant et étonnant dans son voyage humain. Son aventure quasi-journalistique nous plonge dans le monde héroïque et anonyme, privé comme public, de ces héros ordinaires, évidemment à coups d’incendies, mais aussi de drames familiaux, suicides, criminalité et toutes formes continues d’urgences.
L‘occasion était trop belle pour se priver du pamphlet contre les abrutis, les criminels, les pyromanes, la corruption, l’administration, les barbares, les fumeurs inconscients et autres imbibés du volant. Mais l’ambition essentielle est de montrer l’indissociabilité des vies professionnelles et privées des pompiers, leur disponibilité et l’abnégation acquises par l’enseignement même des missions de chaque jour, leur subordination qui devient solidaire de la passion de leur métier. Anciens ou jeunes, volontaires comme professionnels, les personnages très humains ne sont pas épargnés de défauts, et présentent sobrement leur héroïsme quotidien dans une guerre discontinue, le sacrifice de leurs vies primées, de leurs vies tout court, ou de leur santé. Par ce joli témoignage Pierre Jolivet nous fait réaliser le sens noble du mot soldat.