À ceux qui ont apprécié Spotlight (2015), je peux recommander Les Hommes du Président (1976) sans risque. Le synopsis est très similaires puisqu'on suit l'histoire réelle de journalistes d'investigations qui tentent de démêler un mystère et qui font face à un non-dit consensuel de la part de tous les acteurs concernés. En l'occurrence, on s'intéresse ici à un scandale politique, et au fur et à mesure que l'on identifie les responsables, l'ampleur de la fraude prend de plus en plus d'ampleur. Et pour cause... le sujet est le Watergate qui reste encore dans les annales comme le plus grand scandale politique de l'histoire des Etats-Unis.
Ne connaissant le scandale du Watergate que dans ses grandes lignes, j'ai apprécié de pouvoir partager avec les héros la progression de l'enquête. De pouvoir juger de chaque nouvel élément sans connaitre déjà la solution. J'ai eu le même sentiment dans Zodiac (2007) ainsi que dans Spotlight (2015) et c'est agréable de pouvoir porter ce regard extérieur.
Dustin Hoffman et Robert Redford forment un duo équilibré qui instille de la dynamique dans le film. Rien à redire sur leur performance d'acteur qui est excellente. Je ne comprend pas bien par contre la nomination de Jane Alexander à l'Oscar de la meilleure actrice secondaire, bien que son jeu soit bon, elle apparait maximum 5 minutes dans le film!
Le récit est bien structuré, l'abondance de noms à retenir est un peu importante mais ça parait normal pour ce genre de film et au final on ne nous donne pas d'information inutile pour compléter le puzzle, mieux vaut néanmoins pas s'absenter 5 minutes au risque de perdre le fil. Car c'est justement la continuité entre les scènes qui fait la force de la narration. Chaque scène demande la suivante, et en tirant sur le fil du cheminement de l'enquête, le voile sur la responsabilité du scandale se lève peu à peu.
Pour ce qui est de la cinématographie j'ai trouvé que malgré que les personnages évoluent dans un cadre de boulot pas forcément impressionnant, le film arrive à trouver de beaux plans et de belles compositions. Même dans les intérieurs, le soin est toujours apporté aux contrastes entre un personnage et le fond, le jeu d'ombres est très réussi. Mon plan préféré est surement lorsque DeepThroat se révèle dans le parking en allumant une cigarette. Une façon d'introduire simplement le personnage de façon simple tout en disant tout : Il est un homme de l'ombre, il ne se manifeste que parce qu'il le décide et de la façon dont il le décide, et nous n'en verrons pas plus que ce qu'il veut bien nous accorder.
Détail amusant, j'ai regardé Lawrence d'Arabie cette semaine et une scène est reprise quasiment à l'identique dans ce film : Lawrence éteint une allumette avec ses doigts, lorsqu'on lui demande son truc pour pas se faire mal il réponds "The trick, William Potter, is not minding that it hurts.". Dans les hommes du Président, pour décrire un suspect qu'il voudrait interroger, Deepthroat raconte l'histoire suivante : Once, at a gathering, he put his hand over a candle. And he kept it there. He kept it right in the flame until his flesh seared. A woman who was watching asked, "What's the trick?" And he replied. "The trick is not minding." C'est sur que lorsque l'adversaire a le mental de Lawrence d'Arabie, ça risque d'être un sacré adversaire...
Dans l'ensemble super film, pas beaucoup vieilli, Les Hommes du Président est un bon moment en perspective pour les amateurs d'enquête.