Outre les questions sur les faiblesses et la fragilité de la démocratie que soulève inévitablement ce film politique, il offre également un aspect original, un cinéma différent, qui marque mon histoire personnelle de cinéphage. C'est l'un des premiers films que j'ai vu de Redford et d'Hoffman. Un grand bouleversement! Je l'ai vu quand j'étais ado et l'ai revu hier soir. J'ai éprouvé une drôle de sensation : celle de retrouver un ami d'enfance qui aurait donné une nouvelle et éclairante vision du monde. C'est en effet avec le même enthousiasme et la même émotion que je l'ai revu. Un rafraîchissement toujours constant, c'est à peine croyable!

Et pourtant...
Dans la forme c'est pour moi une révolution. Robert Redford cherche ses mots au téléphone, se trompe carrément, demande à ses collègues si "quelqu'un parle angla... heu... espagnol?!" dans sa frénésie. Des bafouilles, des temps, des pauses que je n'avais pas encore vu ou alors pas de manière si évidentes. Je ne me souviens pas si j'avais déjà vu le travail de Dean, de Newman ou de Brando... l'école de Strasberg, de Kazan, etc. l'Actor Studio... Dans cette scène encore où redford balaie de la main une miette du skaï du canapé dans le bureau du rédac-chef pendant une conversation... Il y a une exactitude dans cette mise en scène qui m'émerveille toujours. Un cinéma authentique, ultra-réaliste.

Pakula met en scène la vraie vie des deux journalistes... 1 ou 2 ans après le scandale du WaterGate : ça en dit long sur le pouvoir et la liberté de l'expression artistique en ce temps là du côté d'Hollywood! Assez prodigieux.

Mise en scène, jeu des comédiens, mise en image, mouvement de caméras, tous ces éléments se combinent parfaitement pour produire un film coup de canon à l'époque mais qui retentit encore 30 ans plus tard.

Les deux comédiens sont en fin de compte alors à l'image des deux journalistes : ils ont faim! Et c'est là le plus jouissif, un effet boeuf sur la pellicule. Garantie grand cinéma!
Alligator
9
Écrit par

Créée

le 25 déc. 2012

Critique lue 519 fois

8 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 519 fois

8

D'autres avis sur Les Hommes du président

Les Hommes du président
PhyleasFogg
8

La pêche au gros avec sa b... et son couteau

L'histoire de ce film pourrait être celle d'une putain de fable. Celle de deux pêcheurs à la ligne qui ferrent le Gros poisson. Comme le dit Gorge Profonde, "il faut y aller pas à pas, pour...

le 24 mai 2013

32 j'aime

2

Les Hommes du président
Artobal
9

Nix' movie

"Les hommes du président" fait partie de ces films nés sous la bonne étoile : ils rassemblent les bonnes personnes au bon moment et parviennent à transformer ce qui est au départ une suite d’heureux...

le 1 févr. 2013

30 j'aime

6

Les Hommes du président
VilCoyote
8

Au revoir, au revoir, Présidennnnt ♫

J'aime bien les films d'enquête. Et si comme moi vous ne connaissiez que les grandes lignes du Watergate, il y a ici le plaisir du puzzle à assembler, le plaisir aussi de galérer à emboîter certaines...

le 1 janv. 2014

28 j'aime

1

Du même critique

Cuisine et Dépendances
Alligator
9

Critique de Cuisine et Dépendances par Alligator

Pendant très longtemps, j'ai débordé d'enthousiasme pour ce film. J'ai toujours beaucoup d'estime pour lui. Mais je crois savoir ce qui m'a tellement plu jadis et qui, aujourd'hui, paraît un peu plus...

le 22 juin 2015

55 j'aime

3

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16